Blitz BNP aux Pyramides

Samedi 13 et dimanche 14 juin

Quand on arrive dans la salle ce samedi-là, on comprend pourquoi on a fait tous les blitz de l’année à droite à gauche, ou du moins cette intuition-là qu’on a mérité de disputer la finale se voit complètement matérialisée. Une salle immense, des fauteuils robustes, six échiquiers digitaux qui permettent que les parties soient retransmises sur l’écran géant. « Rupin ».

On va trouver des joueurs vers le bar, en haut de la pyramide (sociale?). Café pour tout le monde. Le Vésinet aura trois joueurs ici pendant ces deux jours, Philippe Glod, Rémy Bonnaud et Votre Humble Narrateur. Avec nos élos, nous pouvons nourrir quelques espoirs d’être « dans les places payées ». C’est néanmoins sans compter sur un contingent de jeunes impressionnant, tous classés entre 2000 et 2300, avec un tas de championnats de France dans les pattes, etc. Entre les parties de blitz, ils blitzent, ils s’arnaquent, ils discutent de théorie à coup de « t’as vu comment je l’ai arnaqué; « c’est lui » -en pointant du doigt une malheureuse victime qui passerait par là. 10 parties le samedi, 5 le dimanche. Il y a un grand maître et pas mal de titrés. Que la fête commence.

La cadence 5+2 est un véritable vivier à « fautes ». VHN avait pour théorie que cet incrément est en fait spécieux: à moins de jouer a tempo, il est quasi impossible de se voir rajouté du temps, et donc de ne pas tomber. Il s’agit donc de jouer comme s’il s’agissait d’une partie en 5 minutes classique, sauf que c’est difficile. Les 2 secondes sont comme un cavalier planté sur un avant poste dans le petit morceau de cerveau qui fonctionne et il est impossible de n’en pas tenir compte, ni même de le déloger.

Voilà les diverses bêtises que l’on peut faire à cette cadence:
– le classique coup illégal. Ca m’arrivait 1x/an jusqu’à ce que j’en fasse 2 dans le tournoi
– passer 2 minutes sur un coup. Typique du mécanisme décrit ci-dessus : « Oh mais je remonterai bien la pente au temps, à l’aise! »
– « Tombé »
– essayer de faire tomber un jeune. A ne pas essayer, puisque ça ne marche pas.

Sachant ça on est alors bizarrement loti. C’est au prix d’un tournoi difficile pour les nerfs qu’on s’endort le dimanche soir « moins bête ». Récit d’un petit incident qui m’arriva à la ronde 2, contre le jeune Mf Rouffignac.

C’est le grand zeitnot, dans une finale égale tour fou cavalier contre tour fou cavalier. J’ai les blancs et 6 secondes. Lui doit en avoir 20. A l’aile dame il a un pion en a6 et une tour en a2. Ma tour est située exactement entre a8 et b8. Trait aux noirs.
…Tb2 – accompagnée d’une moue qui vaut pour « ?? »

Les blancs jouent Txa6.

Noirs « Mais tu peux pas, ta tour était en b8 »
Blancs « Je pense pas, sinon j’aurai pris ta tour ». Arrêt de la pendule.
L’arbitre suisse arrive, dit à peu près « débrouillez-vous » et la partie repart. Un incident qui n’en fut pas un du fait du calme relatif des joueurs. La partie continua après Txa6.

Un autre, impliquant deux joueurs extérieurs à la dixième ronde. Un vieux briscard contre un jeune loup arrivent en finale roi tour v. roi tour fou. L’avantage matériel est au talent.
Typique des dernières rondes, tout le monde se masse autour de l’échiquier. Le briscard est mal mais cette finale est très compliquée à gagner. On entend de sa part un « Arbitre, ça doit bien faire cinquante coups. »
Réponse de l’arbitre qui était juste derrière lui, de marbre « Comptez-les. »

Des jeunes forts, des moins jeunes plus rapides qu’on ne se l’imagine, une opposition très forte de manière générale. On aura bien affronté le grand maître qui nous aura bien battu. Seul Rémy lui a infligé une vraie secousse à la dernière, seulement pour tomber au temps. En blitz, 50% du talent tient dans la bouteille et dans la capacité à faire dos rond quand cela s’impose.

Le grand maître termine à 15/15, un jeune de Lyon classé à peine 2100 en blitz et près de 2300 en long(!) termine second et le podium se ferme sur le 3ème au championnat de France junior, Raphaël Dutreuil.

Au Vésinet, Rémy est le premier avec 10 en ayant fait un deuxième jour impressionnant. Paul et Philippe font 9 et se classent 11 ème et 15 ème dans un tournoi dont ils n’ont pas évalué la force à temps.

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