Nationale I

Le Vesinet 1 – 5 Tremblay-En-France

f JESSEL Stephen 2336 0 – 1 g MALAKHOV Vladimir 2687

f DESLANDES Pascal 2291 0 – 1 g JOBAVA Baadur 2673
ADAM Etienne 2185 X – X g SHCHEKACHEV Andrei 2552
BONNAUD Remy 2235 0 – 1 m BELLAHCENE Bilel 2465
f RABEYRIN Jean-Jacques 2238 0 – 1 g ABERGEL Thal 2436
SAGLIER Paul 2094 0 – 1 m SHIRAZI Kamran 2372
GLOD Philippe 2139 1 – F AFLALO Sophie 2103
CHAUMONT Adeline 1996 0 – 1 ATTARD Leopold 1939

La composition de notre adversaire du jour parle d’elle-même. Bien sûr on pourrait préambuler en disant que oh-là-là, trompettes et tambourins. Nous sommes tous un peu sans voix. Rémy arrive et constate un étonnant triumvirat parlant russe, Shchekachev Malahov et Jobava, dans lequel le premier fait figure d’amateur. Jugez plutôt.

Au 1 Stephen fait sûrement peur à son adversaire avec les blancs, puisque celui ci est de plus en plus rouge. Notre malheureux joueur se trouve un peu poussé par la pendule contraint à dépenser beaucoup d’énergie pour pousser l’ex 2700 avant le 40 ème coup. Une série d’échanges et voilà que la finale fou contre cavalier n’est pas à l’avantage du Vésinet. Ou plutôt, Malakhov de montrer sa classe dans ce secteur du jeu. Défaite « logique » sur le papier, mais où le fort n’aura pas déroulé.

Au 2 Pascal joue contre Jobava. Qui joue la française d’échange. Pour faire nulle? Pas exactement. A l’analyse Jobava dira à Pascal « tu as dû oublier que je pouvais faire grand roque?… » Pascal, placide, de penser qu’il n’avait pas oublié ce coup, qu’il l’avait envisagé comme un autre. Il n’avait en effet pas vu exactement la force de ce coup et du plan du géorgien, qui attaqua le roque opposé à la Jobava pour l’emporter assez rapidement.
Au 3, le roc vésigondain contre « le tueur d’est-indiennes ». Ces deux-là se sont déjà joués. Etienne change de premier coup dans l’espoir de pouvoir revenir à leur ancienne partie, ou Etienne avait annulé relativement facilement. Shchekachev se sera méfié, mais il n’aura jamais rien obtenu pour autant dans cette moderne. Nulle ici, les noirs montrant beaucoup de respect à notre capitaine.
Au 4, Rémy se prend une visite guidée de l’impasse de la variante Shirov/Shabalov de la slave. Pas facile quand on ne connaît pas face à un jeune M.I. près de 2500 elo. La seule erreur de Rémy aura été d’avoir un trou dans son répertoire.
Au 5 Jean-Jacques se retrouve vite embarqué dans une espèce de curieuse Rauzer avec les blancs, ou les noirs jouent a tempo les coups les plus curieux. De la part d’un grand-maître, cela signifie toujours méfiance. Les noirs dévoileront après la partie leur schème. Il s’agit apparemment d’une ligne dans laquelle un jeu parfait des blancs garantit un petit avantage. Sans ça, c’est beaucoup trop dangereux. Ce sera malheureusement le cas.
Au 6, Paul joue contre Shirazi. Avec les noirs dans une Viennoise, les blancs jouent eux aussi les coups les plus étranges a tempo, mais ça n’est pas le fait d’une prépa. Quand les noirs abandonneront, migraineux et en proie à fièvre et vertiges, ils auront eu l’impression d’avoir rencontré des positions d’une infinie complexité. Shirazi, de marbre « Oui, peut-être un petit peu compliqué, mais pas trop. » 1-0 pour les blancs ici, qui auront fait preuve d’une classe nettement supérieure.
Au 7, c’est notre premier point après une heure. Philippe l’emporte par forfait comme la joueuse adverse ne s’est pas présentée. Sans être a priori tombé dans le piège de la déconcentration pendant l’heure fatidique, celle qui vous fait sortir -complètement- de l’optique de jouer aux échecs quand votre adversaire peut quand même arriver remonté comme une pendule, et vous battre sans merci.
Au 8, Adeline aura souffert dans l’ouverture. Mais elle se bat et rend tous les coups. Plus la partie s’étend, plus on imagine qu’elle va pouvoir renverser la vapeur. Malheureusement, son jeune adversaire aura d’une manière ou d’une autre profité de l’inactivité relative de la tour noire, et une mini tactique gagnera une pièce à la fin de la partie.

Nettement, et sans bavure, Tremblay nous aura dévoré. Le mystérieux « pape de la tactique » aura fait des tours de cartes à Jobava, Rémy aura fait des photos, les autres auront été un peu « contents quand même » de cette drôle de rencontre de gala, où l’important semblait d’avoir participé.

Le lendemain, ce sera moins dur, forcément. Y aura-t-il de la place pour nous? Si Villepinte n’a pas de forfait comme la veille, et s’ils ont la même feuille, ça sera en principe difficile.

g BRUNELLO Sabino 2562 1 – 0 f RABEYRIN Jean-Jacques 2238
m SERAFIMOV Tervel 2407 0 – 1 f DESLANDES Pascal 2291
m IBRAHIM Hatim 2333 1 – 0 f JESSEL Stephen 2336
f MARECHAL Andy 2339 X – X BONNAUD Remy 2235
O’SULLIVAN Thomas 2213 1 – 0 GLOD Philippe 2139
f MANCINI Mario 2244 X – X SAGLIER Paul 2094
EK Alexandre 2120 1 – 0 ADAM Etienne 2185
ff BELLAICHE Elise 2113 1 – 0 CHAUMONT Adeline 1996
Etienne a dans la nuit appuyé sur le « mode aléatoire » pour la lecture de l’ordre des joueurs. Stephen se retrouve au 3, Jean-Jacques au 1 et Etienne au 7.

Jean-Jacques sort une grosse partie contre Brunello. Avec les noirs, c’est celui qui aura joué le plus longtemps. Il aura hélas perdu, mais la partie valait le coup. Dans la petite salle d’analyse après le match et sandwiches à la main, l’analyse aura battu son plein.
Au 2, Pascal jouera contre Serafimov. Les chercheurs en sont sûrs, il y a un « syndrôme Deslandes », à deux faces. Pour Pascal, ça consiste à oublier qui il a joué par le passé. Pour ses adversaires, ça consiste à se rappeler Pascal, qu’ils aient gagné, annulé ou perdu. Leur mémoire leur vaut une prudence accrue. Le bulgare se sera méfié (même s’il avait par le passé battu Pascal) et Pascal gagnera ce jour la seule victoire individuelle du match, dans une Gurgenidze avec les blancs (appeler le S.)
Au 3, Stephen aura loupé le coche selon lui. Il n’aura pas su réfuter un sacrifice spéculatif de la part de son adversaire, et aura encore une fois souffert au temps. Dans une finale difficile avec mauvais cavalier contre bon fou, il n’aura pas détecté le plan clair qui aurait pu le faire tenir. Existait-t-il? Les blancs gagnent ici.
Rémy aura été un peu malchanceux. En jouant la française d’échange, on se prépare à beaucoup d’ennui. Il donne son tranquilisant à son adversaire et les deux s’endorment ou presque. Quand les noirs proposent nulle à la fin, les blancs sont d’accord. A la surprise de deux kibbitz qui dégainent un gain simple pour les blancs, tempo. Les deux joueurs n’y croient pas, et partagent la stupeur et le point.
Au 5, Philippe joue Une Grunfeld contre la variante de plus en plus populaire, 5.h4. Philippe réagit correctement malgré sa relative inexpérience dans ce système. Les blancs attaquent mais les noirs ont du contre-jeu. Le maléfique Docteur Zeitnot frappe à la porte, et Philippe s’auto-arnaque dans une partie qu’il menait de la tête et des épaules. Défaite vésigondine ici.
Au 6, Paul suit les instructions de Mulhouse, dans le Trafic. Quelques coups d’attente ici et là, et la charge. Convaincu qu’il allait gagner, Paul loupe le coche et se trouve un peu forcé de répéter la position. C’est impossible qu’il n’y ait pas de gain ici! La scène surréaliste et mémorable de l’analyse de cette partie, avec une moyenne elo d’analystes autour de 2600, restera un fameux souvenir. Les humains n’auront pas trouvé de gain non plus. L’ordinateur, moins sentimental, trouvera des lignes de 15 coups dont 12 invisibles, subtiles, vicieux, positionnels, violents, adrianesques et bugsbunniens, qui donneront le gain. Facile à dire.
Au 7, Etienne a les noirs. Son adversaire ignore apparemment qu’il a fait nulle la veille contre un GM. Les jeunes ne se méfient jamais de rien. Avec un calme olympien, les blancs font monter la pression. Une forteresse semble se présenter, mais ces petites constructions dans l’histoire n’ont pas toujours découragé les assaillants. Un très joli thème à la fin apportera le point entier à Villepinte.
Au 8, Adeline joue contre Bellaïche, très en confiance manifestement, qui jouera très vite et très bien. Quelques tempi perdu ça et là, et les noirs sont devenus les blancs à l’issue de l’ouverture. Un gain qui aura semblé facile également, ou la combativité d’Adeline n’aura pas eu le temps de se déployer.
Double bulle Vésigondine, contre deux équipes assez nettement au-dessus, du moins ce jour-là. Grande expérience néanmoins. A noter dans le match en parallèle que Rueil n’était pas venu contre Tremblay pour plaisanter. Avec des équipes peu ou prou similaires en termes de elo (à vue de nez une différence de 100 elo sur la moyenne de l’équipe), Rueil a tremblé(!) 5-2.

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