Last but not least

Dernière double ronde de la saison de N1. On pourrait penser que les carottes sont cuites sans pessimisme spécial. On doit jouer Metz en premier, ce même Metz qui dans un monde rêvé aurait voulu rejoindre le Top 12, laisser les amateurs sur une aire d’autoroute pour qu’ils mangent un sandwich triangle, et aller jouer entre pros. Ce même Metz avait malheureusement pour lui fait les frais de Tremblay, manifestement las de ces mêmes sandwichs triangle. On affronte Noyon le lendemain. Pour faire simple (et ça n’est jamais simple qu’à dire, pas à faire…), il nous faudra revenir avec un point et demi ce week-end. Neutraliser Metz, à qui nous rendons peu ou prou 300 elo par échiquier, et battre Noyon.

Nous partons quand même avec plein d’atouts: nouveau véhicule(!), printemps et température agréable △ soleil, et une équipe de bonne humeur et soudée comme toute équipe qui passe la saison dans les galères. Si Metz ne frissonne sûrement pas en voyant notre équipe, ils ne se doutent pas non plus qu’on gigote.

Noyon n’est pas loin. Ca aussi c’est un atout. C’est même une petite joie que d’imaginer que c’est plus loin pour nos adversaires du jour que pour nous. On se console comme on peut.
Arrivé à l’Ibis on découvre que c’est le seul hôtel de la région. Dehors, les cadors de Metz, suivis de près par les cadors de Rueil. Eux se savent maintenus, mais les équipes font toujours un peu peur. A Rueil il y a un quasi-local. Celui-là même qui sait se rendre de l’Ibis à la salle. Quand les équipes d’Ile-de France partent, à trois voitures dont la nôtre, on est supposé se suivre. La première voiture blitze les trois premiers kilomètres, arrive dans une zone au faciès de zone où l’on joue aux échecs, et fait un demi-tour. Comme le GM qui vous regarde à l’analyse et vous dit « c’était quoi l’idée?! », on sent que la position va se détériorer. Le capitaine de Rueil et Philippe appellent quelqu’un qui est supposé les orienter. A Rueil, on « sait » comment y aller. Rémy dégaine son GPS. Pascal et les autres veulent la jouer safe et suivre Rueil. A la première bifurcation, ça crie. « J’les suis! » -Mais nan on suit le GPS! Rémy gagnera le bras de fer de la navigation. On plante un gambit à Rueil, pas sûr du tout d’où ça nous conduira. On reprend la route de campagne et d’aucuns imaginent qu’on est dans 5 minutes sur l’autoroute. Là, quelques minutes plus loin, un sentier qui descend, direction « Tarlefesse ». On arrive! Sur une distance de 2 kilomètres on aura mis un quart d’heure à Rueil. Va savoir comment.

Le Vesinet 0 – 4 Metz Fischer 1
f JESSEL Stephen 2340 X – X g ANTONIEWSKI Rafal 2533
f DESLANDES Pascal 2293 0 – 1 g FELLER Sebastien 2623
f RABEYRIN Jean-Jacques 2224 X – X g WIRIG Anthony 2502
ADAM Etienne 2165 0 – 1 g ORLOV Andrey 2478
BONNAUD Remy 2237 X – X m CHERNOV Vadim 2404
SAGLIER Paul 2095 0 – 1 m KOCH Jean-Rene 2435
GLOD Philippe 2112 X – X f TADDEI Benoit 2291
CHAUMONT Adeline 1991 0 – 1 ff MONPEURT Cyrielle 2117

Avec le pseudo avantage d’avoir les blancs au 1.
(Petite précision du narrateur: après une année à cotoyer des joueurs forts, celui-ci aura appris qu’il convient de se lever moins de 891 fois durant une partie et de se délecter des parties des autres autant que de la sienne. Aussi, pas d’aperçu très « global » de la totalité des confrontations individuelles des membres de son équipe…)

Stephen au 1 joue solido-solido, et ne se met manifestement pas à découvert à la pendule outre-mesure. Son adversaire lui proposera nulle, et celui-ci acceptera.

Au 2 Pascal joue Feller. Plein de pions pour la pièce pour le joueur de Metz. Les quelques 300 elo d’écart auront raison de Pascal, mais aucunement de sa combativité.
Au 3, Djay-Djay-Arr (J.-J. R, 1.e4 des Lumières…) annule fastoche Wirig qui n’était pas en grande forme ce week-end de son propre aveu. Très bon résultat quand même!

Au 4, Etienne Solidovnichenko Adam vivra cette curieuse situation de s’apercevoir que son adversaire, bien qu’étant GM, n’est pas un expert en théorie. Malheureusement, un peu expert quand même aux échecs, il aura raison de la Scandinave Dd6.

Au 5, Rémy joue un MI qu’il joue « tous les jours en bullet ». Rémy est le seul à le savoir. Il gambit un pion qu’il est supposé ne jamais revoir de la partie, et fait des moues rémyesques. C’est avec surprise qu’à un moment son adversaire lui laisse en reprendre un. La position s’aplanit et Rémy propose nulle, se lève et part. Son adversaire regarde à droite à gauche, glisse quelques mots en russe à Orlov, ils rigolent, et signe la feuille. Quand Rémy revient, c’est la poignée de main. Franche rigolade quand à l’analyse, Rémy lui révèle qu’ils jouent ensemble tous les jours. Nulle presque « facile » au 5.

Au 6, Paul joue Koch. Une partie accrochée dans laquelle les noirs auront a priori toujours un mini-dessus, et choisiront un plan indiquant qu’ils veulent gagner, au profit d’un plan dans lequel il était difficile d’imaginer perdre. Mais les blancs en ont vu d’autre. Au bout de la cinquième heure et ayant déjoué les 1001 possibilités de perpétuel, on entre en finale de dames, chacun avec un pion passé. Là, les blancs montreront qu’ils ont de la bouteille, et les noirs boiront la tasse, ratant une dernière ressource de sauvetage.

Au 7, Philippe décide de ne pas dépenser une heure vingt au deuxième coup. Miracle! Un plan d’Est-indienne h3 surgit dans cette Pirc. Son cavalier hyperactif fera mille bonds. La finale sera nulle, et les noirs devront s’y résoudre. Créativité, quand tu nous tiens!
Au 8, Adeline tombera a priori dans un piège à l’ouverture. Rémy, inspecteur des magouilles d’ouverture, dira de l’adversaire d’Adeline qu’elle « connaissait tout par coeur ». La jeune joueuse de Metz était trop forte ce jour-là.

4 gains avec les blancs, 4 nulles avec les noirs. Metz gagne « professionnellement » 4-0, mais nous n’aurons pas démérité.

Le soir on dîne et on blitz un peu. Variante « pas-fatigué-de-ta-semaine. » On ne parle que peu ou pas du fait que le maintien est maintenant parti avec le train du jour. On ne s’illusionnait pas vraiment et le match du jour -sur lequel nous ne nourrissons pas de regrets imbéciles-, mais montrons quand même le bel esprit de l’équipe ce week-end.

Lendemain 10 heures, on rempile. Notre équipe est la même. Les locaux, Noyon, ont changé quelque peu l’ordre des échiquiers, mais les joueurs sont les mêmes.
Noyon 2 – 4 Le Vesinet
m AGUETTAZ Maxime 2387 X – X f JESSEL Stephen 2340
m NGUYEN Chi-Minh 2349 0 – 1 f DESLANDES Pascal 2293
m HOUSIEAUX David 2435 1 – 0 BONNAUD Remy 2237
m CLERY Nicolas 2357 X – X ADAM Etienne 2165
VANHEIRZEELE Daniel 2159 0 – 1 f RABEYRIN Jean-Jacques 2224
BECUWE Olivier 2070 0 – 1 SAGLIER Paul 2095
BRIH Touatia 1989 0 – 1 GLOD Philippe 2112
SILVERT Alexandre 2016 1 – 0 CHAUMONT Adeline 1991

Au 1, Stephen affronte une sorte de Pirc en premier. A priori, la gestion du temps des deux adversaires aura laissé à désirer. Stephen se verra offrir la nulle, qu’il acceptera quand il sera sceptique sur le sacrifice de pion qu’il aura fait.

Au 2, Pascal jouera contre la française, qu’il a toujours plaisir à affronter. Son adversaire vendange un peu et lui laisse une pièce. Filou, il propose nulle après. Pascal refuse mais la position qui découle est très très compliquée, malgré l’avantage matériel net du vésigondin. Pascal l’emportera dans cette partie, contre un adversaire contre lequel il avait un très mauvais score historique.

Au 3, Rémy rate le coche de l’ouverture. Les blancs s’endorment peut-être un peu, et quand ils s’apprêtent à perdre un pion crucial, mettent une pièce dans le juke-box et attendent que les noirs la prennent. S’ils la prennent dans de mauvaises conditions, c’est fini. S’ils la laissent, font revenir les oignons après les avoir hachés menu, font cuire à feu doux le pion passé a et prennent une grande respiration, c’est probablement fini pour les blancs. Rémy fera une toile alors qu’il était revenu, et perdra malheureusement.

Au 4, Etienne jouera la plus longue partie. A priori, les noirs auront raté des chances de prendre un immense avantage « S’il joue Ta1, je vois pas tellement comment éviter Df1 #… » Mais Etienne tiendra bon dans son anglaise, et les joueurs partageront.
Au 5, Jean-Jacques refusera la nulle au treizième coup. La position est hyper intéressante mais les blancs sont en panne d’inspiration . Jean-Jacques fera sortir lentement mais sûrement son adversaire de l’échiquier, et grattera le point entier.

Au 6, le coeur n’y est pas trop ce jour-là. Encore largement déçu de sa partie de la veille, Paul hésite. Faut-il mettre son fou en f4 au deuxième, ou au troisième coup? Bien décidé à jouer vite et agressif, il prendra les noirs dans ce faux rythme. Ceux-ci prendront deux décisions très étranges dans l’ouverture, de laquelle ils ne sortiront jamais vraiment indemnes. 1-0 ici.

Au 7, Philippe gagne la partie deux fois. En prenant un pion très vite, puis un autre. Son adversaire l’agressera, en reprendra un. Puis arriva Dc4, dans lequel son adversaire tombera (après analyse, elle ne pouvait pas faire grand’chose que d’accepter de reprendre le pion offert, mais qui lui coûtera la qualité.)

Au 8, Adeline perdra dans une variante orthodoxe du gambit-dame, mais n’aura pas à rougir de sa partie.

Et c’est en fait assez paisiblement que le Vésinet l’emportera. Trop tard! Cette victoire a un peu le goût de « Je lui ai mis 10-0 à l’analyse. » Comprendre: c’est bien joli de gagner quand le score est déjà écrit à l’encre de Chine! Néanmoins, sacré fighting-spirit côté Vésinet. La route n’avait pas encore repris, la roue n’était pas encore crevée, il faisait encore soleil à Noyon, ça rigolait encore bien. Et c’est sans doute ce qu’il faudra retenir de cette saison. Même en n’ayant pas les moyens des grosses écuries ni même des moyennes, si nous n’avons pas fait jeu égal à tout le moins nous nous serons battus à chaque fois, bravant les delta de 300 elo et des kilomètres. Bravo à toute l’équipe et à son capitaine Etienne Solidovnichenko, et dans l’espoir de pouvoir dire « à dans 2 ans » à la N1!

Paul

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