Dans cet entretien paru le 17 octobre dernier sur la chaîne YouTube Levitov Chess et traduit dare-dare du russe par notre ami Paul Saglier (activer les sous-titres en français), le GMI Gata Kamsky, qui vit actuellement en France avec son épouse, se livre intimement sur sa carrière échiquéenne, une carrière à la fois imposée et sans doute partiellement limitée par une figure paternelle particulièrement terrifiante.
Avec une lucidité sereine, le Grand Maître aujourd’hui âgé de 50 ans dénonce ces parents qui n’ayant pu satisfaire leurs propres ambitions les reportent sur leur progéniture, attendant d’elle rien moins que du génie, soutenu bien sûr par des efforts constants.
Faisant allusion aux « personnages ambitieux de la littérature française », Gata Kamsky esquisse une histoire jamais racontée par Balzac, celle des enfants d’un Rastignac qui serait resté en province et leur aurait confié l’écrasante mission de le rendre célèbre.
Quels que soient les succès des enfants ainsi investis d’une mission grandiose, à la hauteur du narcissisme de leurs parents, eux-mêmes n’en profiteront jamais vraiment : qu’importent tous les honneurs du monde à celui qui s’est vu interdire la voie des bonheurs simples ?
Un entretien d’une grande richesse, qui nous touche d’abord humainement mais nous permet également d’élaborer une réflexion face à certains comportements que nous constatons parfois dans les milieux compétitifs.
Voir aussi sur le site d’Europe Echecs ce compte-rendu et une autre interview intéressante.
Avec l’humour et le recul d’un homme qui a beaucoup souffert, Kamsky se met à nu et dévoile une enfance volée. Poignant.