On parlait de fin « passionnante » à propos de ce week-end où seront joués les deux derniers matchs de N.II. Le moment approchant, le terme exact est « stressant ».
Quatre équipes doivent descendre en N3. Trois équipes y sont déjà et six clubs vont se battre pour éviter d’être la 4ème. Nous sommes l’un d’eux. Par rapport aux autres, nous souffrons d’un handicap, celui de rencontrer Noyon le leader le dimanche. Ce jour là, c’est la défaite qui nous est promise. Alors, un faux pas contre Livry-Gargan et c’est un plouf dans les eaux de la relégation au grand soulagement des autres. De plus Livry-Gargan que nous rencontrons le samedi a longtemps été bien placé et cela a ancré dans les esprits le profil de « petit monstre » pour ce club qui a le légendaire Pytel au 1er échiquier.
Dans le Castel Guy Mollet à Livry-Gargan, sur la N3, va se jouer notre avenir en N2. Avoir une N2 pour un club c’est comme posséder une plage de sable fin pour une ville.
Le Vésinet – Livry-Gargan
- 1N Stephen JESSEL 2276 – Krzysztof PYTEL 2387 : 0-1
2B Pascal DESLANDES 2307 – Mohsine EL FARIHI 2153 : 1-0
3N Laurent CASTAIGNET 2184 – 9 Aurelien EUSEBE 2240 : 0,5
4B Laurent LARGE 2257 – Thibault LANDIE 2130 : 0,5
5N Philippe GLOD 2186 – Abdelillah LOUKILI 2117 : 1-0
6B Ratko KRIVOKAPIC 2200 – Gary BLUM 2102 : 1-0
7N Christophe IMBERT 2103 – Robert IASONI 2117 : 0-1
8B Maud MILLET 1945 – Carine COUDRAY 1850 : 0-1
Dans une ouverture du pion dame Stephen lutte contre un système très personnel du MI. Il subit sans crainte et sans surprise une attaque à l’aile roi. Mais il saisit trop vite une occasion d’échanger les dames sous-estimant un simple coup : h4. Il succombera en finale de tour et fous blancs, pressé par le temps et impuissant devant les perspectives et les conséquences des pénétrations.
Pascal dans une Pétrov avec d4, après les coups d’ouverture, place sa dame en f3. De ce simple emplacement, elle va orchestrer les actions sur le grand roque adverse. La menace ç4 planera sans cesse, inhibant le jeu noir et immobilisant le fou blanc adverse en e6. Belle démonstration d’économie de moyens et d’unicité de thème.
Laurent C a tiré un redoutable adversaire. Comme d’habitude, bannissant toute négligence, il soigne l’ouverture et conserve toujours une marge de sécurité dans la position issue d’une sicilienne ce qui lui permet de conclure la nulle » à sa main ».
Laurent L dans une anglaise met la pression d’entrée et est a deux doigts de reproduire un de ses petits chefs d’oeuvre de blitzkrieg. Après Fa3, les noirs sont déroqués mais avec sang froid résistent. Quand la position se simplifie tout est en ordre pour les noirs et la nulle est conclue .
Philippe disposera sans réelle difficulté d’un adversaire qui dilapidera un peu inconsidérément les temps. Avec un pion de moins, ce dernier n’arrivera jamais vraiment à emballer la position face à Philippe, très vigilant et pour une fois OK au temps.
C’est du grand Ratko, conquérant, qui accentue au fil des menaces son avance de développement en donnant des pions que l’adversaire, ne voyant pas autre chose à faire, prend, animé du fol espoir de tenir jusqu’en finale. Il s’en faut de beaucoup car peu après, au milieu de l’échiquier, le roi noir se couche agressé de toute part et abandonné des siens.
Christophe persiste à jouer un système de type moderne avec échange en d4. Sa symphonie sur case noire n’est qu’une petite partition qui lui laisse un pion de moins et une finale sans espoir. Belle résistance pourtant qui se justifie par le fait qu’à ce moment là tout est fini partout et qu’une petite nulle, même laide, même folle, équivaut au gain du match pour Le Vésinet.
Maud est mal récompensée de ses efforts en terme d’essais d’ouvertures. Après un échange en f6 de type tromposky, un coup de pion intempestif, presque normal dans la position, s’avère faux et est réfuté par son adversaire. Avec un pion de moins Maud se bat, revient, mais un immense coup (Fd7!) de la joueuse adverse est mal « lu » par la joueuse du Vésinet qui perd rapidement.
- Match nul 3-3
Nous n’avons pas perdu, c’est le minimum. En dégustant les extraordinaires pizzas d’un improbable caboulot déniché par hasard, on fait le point. C’est plutôt favorable. Avec 22 points en comptant la défaite du lendemain, il faudrait que Livry-Gargan rattrape 9 points de différentiel sur nous. Mais sachant qu’ils rencontrent le chess XV, équipe condamnée, on imagine le pire : une grosse victoire pour eux contre une équipe démotivée et une raclée pour nous contre les 1ers du groupe. A partir de là, l’idée d’un forfait du chess XV va même trotter dans nos têtes.
Le lendemain, dès l’arrivée sur le lieu de jeu, on aperçoit avec soulagement l’équipe de Murey, à l’heure en plus, dans leur constitution habituelle et avec, comme en prime, leur joueuse au maintien surnaturel.
Dans le même temps on constate que Noyon, pourtant assuré d’être premier est venu avec une équipe quasiment normale. Ces deux faits soulignent la parfaite sportivité des équipes dans ce groupe. Aucune ombre ne plane sur cette dernière ronde.
Le Vésinet – Noyon
- 1B Stephen JESSEL 2276 – Pablo GLAVINA 2444 : 0,5
2N Laurent LARGE 2257 – SALGADO ALLARIA Carlos 2369 : 0,5
3B Pascal DESLANDES 2307 – JENS Jelmer 2379 : 1-0
4N Christophe IMBERT 2103 – GOSSET Arnaud 2184 : 0-1
5B Laurent CASTAIGNET 2184 – TOURNIER Mathieu 2262 : 0,5
6N Philippe GLOD 2186 – SILVERT Alexandre 1983 : 1-0
7B Etienne IMBERT 1973 – TISSOT Alice 1851 : 1-0
8B Maud MILLET 1945 – SILVERT Thierry 1610: 1-0
Stephen avec les blancs dans une ouverture parente d’une Réti se joue un peu de son adversaire. Ce dernier qui est titré négocie mal le début et joue très vite. Malgré la qualité en moins, il ne ralentit pas la cadence. Stephen comme à son habitude prend beaucoup de temps. Il s’agit de ne pas se laisser entraîner sur le chemin d’une finale où son avantage ne servirait à rien. Mais, contraint forcé, les pièces s’échangent. A la fin, avec fou et 3 pions contre tour et pion, c’est partie nulle.
Chaque nulle est une victoire pour nous car elle réduit la rossée.
A l’étage du dessous, se joue le match Chess XV – Livry-Gargan. Murey avec les noirs malmène Pytel avec une aisance sidérante. Dumitrane gagne aisément contre l’adversaire de Philippe d’hier qui, apparemment, a refait les mêmes erreurs : activité inopérante contre efficacité. Draoui a sa tête des bons jours. Malgré un forfait au dernier échiquier pour le Chess XV, on s’achemine vers un « petit » 6-3 en faveur du club local, très favorable pour nous.
Chronologiquement, Laurent L sera un des derniers à finir. Avec les noirs il joue toujours et de façon fervente une formation accélérée composée de g6/Fg7 et c5. Cette fois, il donne c5 pour avoir la paire de fous et diriger les opérations. Son habituel harcèlement ne fait pas perdre la tête à un adversaire de gros calibre. Pourtant les blancs ne peuvent pas vraiment s’organiser et la finale qui survient dans ces conditions comporte des perspectives de nulles que Laurent ne laisse pas passer.
Pascal dans une Alapin avec d5 et e6 constate sereinement qu’il entre dans un système avec lequel il perd toujours. Courageusement il se met à l’œuvre. C’est un « duel de tronches » dira Laurent L. L’allemand en effet n’a rien à envier à Pascal sur le plan de la placidité et de la concentration. Pascal fait entrer sa dame en b7 via l’échange des fous blancs en a6. Postée là, elle va semer une belle zizanie. L’ensemble noir vacille. L’intrusion en e5 du cavalier blanc va achever le travail. Victoire nette de Pascal. Il est loin le temps où le petit Pascal avec sa logique intraitable demandait à son professeur à quoi ça pouvait bien servir une attaque à l’aile Dame. Le Vésinet mène 1-0!
On joue à Christophe une variante d’échange de l’Est-Indienne. Le jeu s’équilibre longtemps jusqu’à la banderille blanche c6 en finale, coup auxquels les noirs, qui s’y étaient pourtant préparés, réagissent mal. Les pions noirs tombent ensuite les uns après les autres.
Laurent C joue une 4 cavaliers variante Glek (g3 Fg2). Les deux adversaires font des grands roques et se neutralisent. Seul Laurent a des perspectives. La nulle est conclue. Encore une partie parfaitement maîtrisée ce qui semble être la marque de fabrique de notre joueur cette année.
Phlippe surclasse un peu son adversaire. Les repères stratégiques du joueur du Vésinet semblent plus nombreux. Jamais d’inquiétude à cet échiquier et victoire logique. 2-1 pour Le Vésinet!
Etienne se fait un peu peur après avoir imprudemment affaibli les cases noires. Sa jeune adversaire consolide son influence sur cette couleur et installe durablement un cavalier en f4. Etienne perd un pion mais récupère la colonne g ce qui va lui permettre de redresser la situation. Malgré le pion de moins la nulle est en vue et puis bientôt la victoire. Vaillance et résolution n’y feront rien, la joueuse de Noyon doit s’incliner. 3-1.
La main qui administre la fessée change de propriétaire.
Maud va parachever la victoire. Cette fois la concentration est totale. Dans une formation de type Philidor où le coup e4 n’a pas été joué (!), elle a rapidement l’avantage. Comme souvent arrive le carrefour où l’esprit se dit « bon et maintenant? » et où l’adrénaline envahit le corps. Maud lutte pour rester lucide. Elle finit par maîtriser l’espace et les complications. Victoire totale et fin de partie spectaculaire
- Victoire 4-1
Pas de calcul, pas d’attente tremblante pour savoir s’il y a maintien. L’équipe a décidé elle même de son destin.
Ca a résisté mieux que prévu à l’étage inférieur : Chess XV n’est battu que par 4 à 3.
Cergy-Pontoise subit sa deuxième défaite du week-end et sera la 4ème équipe à descendre. .