Ce week-end de février est décisif. Derrière Lisieux, il y a l’échiquier de l’Erdre et juste derrière : Le Vésinet. Ces 3 équipes vont croiser le fer : le 1er jour c’est Sucé-sur-Erdre contre le Vésinet et le lendemain Lisieux – Sucé-sur-Erdre. La 4ème équipe est dernière du groupe. Elle vient de la baie de St Brieux, une trotte : c’est Yffiniac. La distance, la neige, le rugby enverront en région parisienne les plus durs au mal de ce club et les plus jeunes.
Des, qui sont durs au mal c’est Lisieux. Ils alignent leur meilleure équipe. Le samedi midi ils envahissent le Bar de la Mamy au Vésinet. Ces nomades ont perdu leur salle de jeu et ils apprécient de trouver bon accueil et bon manger. On est attentif à leurs commandes (sans paraître surpris par elles parfois), on les reconnaît, on les sert avec le sourire, on rit avec eux. L’heure n’existe plus et le bruit du baby permet de hurler en toute liberté. Instants salutaires avant les secousses des matchs. Il sera alors impossible de hurler.
Avant ces deux matchs Lisieux n’est pas complètement assuré de monter en N1. Le Vésinet non plus. Sucé-sur-Erdre non plus.
Pour les Nantais, c’est le déplacement de tous les dangers. Ils viennent de perdre contre Quimper. Ils ne doivent pas perdre contre l’équipe locale sinon, en deux coups de cuillère à pot, celle-ci sera revenue presque à leur hauteur. Et le lendemain il y a Lisieux qui les attend au coin du bois.
Après les 3 nulles du début de saison, Le Vésinet n’a pas trop fait de faux pas : 3 victoires et une défaite. La défaite à domicile des nantais de Sucé-sur-Erdre a remis Le Vésinet en selle pour la N1. Ces 3 nulles hantaient l’équipe et voici qu’une chance lui est offerte…
Ce samedi, Le Vésinet présente sa meilleure équipe, renforcée par Rémy Bonnaud.
Le Vésinet – Echiquier de l’Erdre : 4-2
1N f JESSEL Stephen 2288 – DUBOUE Peio 2278 : 1-0
2B f DESLANDES Pascal 2278 – LE RUYET Leopold 2264 : 1-0
3N f RABEYRIN Jean-Jacques 2248 – LE GOFF Ronan 2170 : 0,5
4B CHEYMOL Eric 2131 – HUTOIS Mickael 2115 : 0-1
5N BONNAUD Rémy 2177 – PICARD Remi 2083 : 1-0
6B DIVIES Renaud 2107 – CROUAN Stephane 2205 : 0,5
7N LOGIE Marc 2032 – ALGABA Solene 1938 : 0-1
8B CHAUMONT Adeline 2001 – NICOLAZO Maxime 1859 : 1-0
- La partie à l’échiquier n° 1 est tendue, engagée à fond. Une curieuse française avec échange en d5 puis 5. Ff4, coup qui prépare les roques opposés. Chaque roi est agressé par les pions adverses. Stephen avec les noirs la joue positionnelle avec son pion avancé en b3 alors que son adversaire joue l’attaque directe et va fracasser ses pions sur le roque. Stephen voit l’ouverture en finale et se lance dans des propositions de liquidations. Les blancs ne disent pas non car ils ont vu qu’un de leur pion ne peut être stoppé. Certes, mais Stephen a aussi un pion passé en b3. On croit la partie perdue pour le Vésinet pourtant…
P Duboue – S Jessel
Les blancs viennent de jouer 37.d7
« On croit la partie perdue pour les noirs »
Voir la partie dans « Parties analysées.. ou pas »
A ce moment, il ne reste que deux parties : celle-ci et celle de l’échiquier 3 et le Vésinet mène 3-2. Dans la salle, la partie dont dépend le sort du match est suivie comme un thriller.
- Et un peu plus tard, tout à coup, l’adversaire de Stephen arrête la pendule et tend la main. Il a perdu : son pion ne passera pas alors que celui de Stephen est libre. Le joueur de l’Echiquier de l’Erdre reste stupéfait. C’est de la sorcellerie. Car en plus Stephen joue en 30s depuis le 25ème coup. Mais d’après ce dernier, c’est une victoire logique depuis un certain échange en e4.
Au 2 Pascal joue une Alapin avec les blancs. On se développe comme dans les livres. Le pion c4 bloque la grande diagonale blanche enfermant le fou de cases blanches. Une tour en d3 parachève la structure. C’est le moment que choisit Pascal pour prendre en c4. « Il en faut du calcul « se dit sans doute l’adversaire qui cherche l’erreur.
P. Deslandes – L. Le Ruyet
16. Cxc4
Voir la partie dans « Parties analysées.. ou pas »
Il finit par choisir une suite qui semble réfuter la prise, tout au moins en terme de matériel car elle gagne la petite qualité. Pascal, d’abord surpris, a vite fait de réaliser le profit qu’il peut en faire car les noirs ont libéré la cases e6. Maintenant le fou a2 règne sans partage sur la diagonale qui mène à F7. Quelques coups précis plus tard c’est l’abandon des noirs.
Pascal parti, de l’échiquier 3 on a une bonne vue sur l’échiquier 1. Jean-Jacques qui lorgne dessus ne sait que penser. Il aurait bien pris la nulle contre un adversaire qui a gagné 60 pts en Elos en quelques mois. Mais il est un peu mieux dans cette Slave avec fianchettos blancs. Alors il attend de voir comment le leader du Vésinet va se sortir de ce qui ressemble fort à un guépier. La victoire de Stephen le libère. 3 fois la même position et donc nulle, à la demande de l’adversaire.
Eric est dans une Italienne avec les blancs. Il reprend du pion f en e3 où les fous noirs se sont échangés. Ca3 et Cc2 sont peut-être les temps de perdus si l’on juge par le positionnement des pièces ennemies sur l’aile roi. C’est vite intenable. Défaite un peu surprise à cet échiquier, avec les blancs.
En Elo nous dominons au 3 et à partir du 6. Au 5 nous somme dominés. A chaque fois c’est d’une centaine de points.
Renaud a les noirs et il a 100 points de moins que son adversaire. La partie est une Est-Indienne avec 4 fianchettos, dont un est improvisé. La position recèle bien des possibilités après l’échange des fous de cases blanches. A ce moment le match est incertain : Stephen est dans sa partie dangereuse, Marc fera au mieux nulle, Adeline n’est pas mieux et Eric n’est pas bien. Seuls Remy et Pascal semblent tenir le bon bout. Une nulle serait donc un bonne issue et Renaud la propose au 15ème coup. Elle surviendra au 34ème.
Rémy dans un Alapin avec d5 et Dxd5 surprend son adversaire qui se trouve empêtré avec sa Dame à l’aile roi. Elle s’en sort au prix d’un pion et de l’échange avec sa congénère. Rémy ensuite accroît cet avantage car son adversaire se trouve réduit dans ses choix de variantes pour éviter la finale. Rémy avance, on recule, il gagne une pièce, on abandonne.
Les dames se sont échangées au 5ème coup et Marc qui a les noirs sort de l’ouverture avec un désavantage qui est stabilisé à un pion. Toutes les pièces finissent par s’échanger. On rêve de voir la finale se réduire à un unique pion contre rois. Mais la joueuse adverse joue parfaitement la finale de rois et l’emporte.
Adeline joue un gambit Dame avec grand sérieux. Son jeune adversaire voudrait déstabiliser le jeu. Il essaie de déborder à l’aile Dame. Il donne un pion pour donner de l’espace à son fou dans une finale tour et pièce mineure. Petite peur pour la joueuse du Vésinet mais après quelques coups le pion poussé est remis aux autorités et le cavalier devient fort. Adeline s’apprêtait à avoir une finale plus difficile et est assez satisfaite de cette fin rapide.
Victoire 4-2
Lisieux gagne contre Yffiniac 7-0. Le lendemain nous suivront avec attention le match Lisieux – Echiquier de l’Erdre. Dans notre esprit la victoire des 1ers ne fait pas de doute. Mais les nantais vont se battre et rendre pour coup aux 1ers du groupes. Quand au Vésinet, il doit battre Yffiniac. C’est le match du jour
Le Vésinet – Yffiniac
1B f JESSEL Stephen 2288 – CHEVERRY Francois 2108 : 1-0
2N f DESLANDES Pascal 2278 – GRILL Marc 2195 : 0-1
3B f RABEYRIN Jean-Jacques 2248 – YCHE Michel 1938 : 1-0
4N DIVIES Renaud 2107 – CLERAN Anthony 1960 : 1-0
5B LOGIE Marc 2032 – RABHI Chamss-Eddine 2010 : 0,5
6N CHEYMOL Eric 2131 – CORBEL Mathys 1263 : 1-0
7B CHAUMONT Adeline 2001 – CADIOT Mathilde 1499 : 1-0
8N IMBERT Etienne 1922 – CORBEL Mael 1400 : 1-0
- Stephen avec les blancs dans une Réti reste raisonnable dans ses longueurs de réflexions. Il doit avoir l’impression de jouer vite, ce qu’il n’aime pas du tout. Il propose c5, un pion passé, qui sera peut-être faible semble-t-il dire à son adversaire pour l’encourager. En fait le Fou g2 est un ami du pion et il se chargera de le protéger. Et autour de ce pion il y aura des turbulences qui devraient donner quelque chose aux blancs, comme une installation sur la 7ème d’une Dame et d’une tour. C’est dans cette situation exactement que les noirs vont abandonner après quelques échauffourées.
Dans une Française Winaver ( Fxc3) on joue à Pascal joue la variante Dg4 avec retour en e2, via h7. Pascal fait le grand roque. Les blancs économisent ce temps et d’autres semble-t-il. A l’Est le terrain est plutôt noir. Mais c’est de la terre brûlée. On y circule un peu mais sans profit. C’est de l’autre côté que se joue le sort de la partie. Les blancs vont profiter de l’ouverture des lignes sur le roi noir. Le roi blanc resté au centre ne court quant à lui pas de danger immédiat. Belle victoire blanche.
Jean-Jacques dans une française avec Cd2 va gagner un pion en e4 et attaquer sans attendre le grand roque noir. Pas mal de pièces vont s’échanger. La Dame blanche, du centre, va orchestrer irrésistiblement la destruction des défenses du roi noir. Victoire sans bavure.
Renaud dans une Sicilienne fermée prend l’avantage dès que la position est fermée par l’adversaire par e5. Tranquille à l’aile roi, il peut déployer toute l’énergie des ses troupes à l’aile Dame. Une grosse bétise du joueur d’Yffiniac au 21ème coup perd une pièce et lui fait perdre la partie.
Marc sera le dernier à finir. Une partie longue, sans enjeu, puisque le match a été gagné petit à petit. L’adversaire est coriace. La finale de tour qui arrive est très compliquée. Marc a un pion d’avance et des pions aux ailes alors que son adversaire soutient un centre rondouillard, qui avance. Les deux pions de Marc deviennent menaçants et la tour adverse doit se replier. Mais il faut encore faire attention. Une imprécision survient qui ne laisse plus que la nulle au 90ème coup.
Eric rencontre un des deux jeunes frères, tous deux vaillants mais inexpérimentés. Il échange rapidement le fou e3 avec les noirs. C’est une Pirc. L’enfant résiste et rend les armes au bout de 40 coups avec suffisamment de résistance et de phases intéressantes pour qu’Eric soit satisfait de la partie.
C’est un peu le même cas de figure un échiquier plus bas. Adeline avec les blancs n’a pas de souci dans un gambit Dame accepté. Au bout de 15 coups elle prend un pion et 10 coups plus tard gagne la partie.
Etienne joue contre le frère du 7. Avec les noirs il accumule les petits avantages jusqu’à obtenir un cavalier dominant en d5 qui surveille les pions faibles adverses. Ceux-ci tombent petit à petit.
Victoire 6-1
Le score de l’autre match est 4-4, match nul. Cela ne change finalement pas grand chose pour Le Vésinet. Simplement, il ne pourra y avoir de nulles dans les deux dernières rondes pour accéder à la N1.
Le Campagnol a souri. C’est la 1ère fois. On aimerait pour lui qu’il soit un peu plus grand pour aboyer ses ordres de plus haut, pour qu’on l’entende de plus loin. Lui est perdu dans ses pensées. Le déplacement de Caen s’annonce, avec les rencontres contre Cherbourg et Caen-Alekhine.
Pour l’anecdote, un autre animal, plus volumineux, capable d’hiberner, s’est déclaré volontaire pour représenter le club. Une image, selon lui, qui serait plus digne pour un 2ème d’un groupe de N2. Il a été éconduit gentiment mais fermement.