Ca sent bon la remontée en NIII !
Depuis le mois de décembre et notre victoire à Bois-Colombes, je n’avais cessé de le seriner à mes coéquipiers : « la place de leader et la montée en N3 se joueront le 27 janvier 2013 à Courbevoie ».
En effet, avec 4 victoires en 4 matchs pour chacun, – les autres grosses équipes ayant déjà enregistré au moins une défaite -, le vainqueur de ce duel au sommet prendrait nécessairement une grosse option pour la victoire finale au classement … même si la fin de parcours de Courbevoie semble plus ardue que celle du Vésinet.
Les deux capitaines ne s’y étaient pas trompés, et Eric MONTAGNA, mon sympathique homologue de Courbevoie, avait même organisé deux séances collectives d’entrainement pour contrer nos deux redoutables piliers : Rémy (2177) et Philippe (2142).
De notre côté, Philippe savait depuis longtemps qu’il jouerait au 1er échiquier contre Christophe SUDRE (2122) et s’était préparé en conséquence.
De même, Rémy s’était préparé contre son probable adversaire (DI MEGLIO -1990) même si une petite interversion dans l’ordre des échiquiers a finalement contrecarré sa préparation.
Lors de la remise de la composition des équipes, il n’y a pas à s’y méprendre : les deux équipes affichent clairement leurs ambitions en étant l’une et l’autre « au taquet » dans la meilleure composition possible.
L’avantage psychologique est tout de même du côté du Vésinet qui affiche une supériorité Elo, (parfois très nette) sur tous les échiquiers à l’exception du 3ème … et même si Courbevoie s’y attendait et s’était préparé en conséquence, on devine tout de même une ombre de désillusion chez nos adversaires du jour.
Au 1er échiquier, c’est le match des Groz’Elos. Philippe GLOD (2142) joue ultra-solide avec les Noirs contre Christophe SUDRE (2122) et, pour assurer la nulle, se refuse à rentrer dans de tentantes complications. Dans la finale, c’est le premier qui dégaine qui risque de perdre. Le joueur de Courbevoie dont l’équipe a alors cruellement besoin de recoller au score est sur le point de se laisser tenter ; mais la voix de la sagesse le ramène à la raison et il accepte enfin le partage du point. Une nulle importante, alors que le Vésinet mène déjà 3 à 0, qui nous assure quasiment la victoire d’équipe. Objectif parfaitement rempli pour Philippe à qui j’avais assigné la mission d’annuler : c’est un régal pour un capitaine d’avoir un joueur aussi solide et fiable devant et dont la seule présence rassure toute l’équipe.
Au deuxième échiquier, Rémy BONNAUD (2177) a la surprise d’être opposé à un jeune joueur talentueux, Karim ZENNAF (1956) contre lequel il ne s’était peut-être pas aussi bien préparé que contre leur 2ème Groz’Elo (Di MEGLIO).
En revanche, le joueur de Courbevoie est, quant à lui, excellemment préparé et déroule parfaitement la théorie jusqu’au 20ème coup.
Un peu déstabilisé, Rémy se retrouve dans une position égale et même peut-être très légèrement inférieure.
Oui, mais Rémy excelle dans les fins de parties, et parvient à rentrer dans une finale modèle avec un bon cavalier contre un mauvais Fou. L’intrusion de son Roi Blanc dans le camp adverse est décisive et permet à Rémy de remporter la 5ème victoire du Vésinet, alors que le match est déjà plié. Rémy, notre Monsieur 100%, est un incroyable compétiteur qui se bat jusqu’à son dernier souffle pour l’emporter. Même remarque que pour Philippe : avec un tel joueur devant, c’est toute l’équipe qui est rassérénée.
A 3ème échiquier, Paul SAGLIER (toujours sous-classé à 1915) rencontre Jean-Pierre Di MEGLIO (1990).
Vexé par sa contre-performance d’il y a 15 jours, Paul joue sérieux et concentré avec les Noirs. Son adversaire se trompe de plan, échange inconsidérément les pièces dans une position équilibrée voire légèrement favorable, et permet à Paul de faire valoir sa technique et de remporter la 1ère victoire du match : une victoire particulièrement précieuse et bienvenue qui met en confiance l’ensemble de l’équipe. Etrange paradoxe que celui de notre Paulo, capable de faire plier n’importe quel joueur de 1ère catégorie, mais capable de lâcher bêtement des points contre des joueurs moins bien classés … En tout cas bravo mon Paulo : c’est la deuxième fois que tu es décisif contre Courbevoie. Si tout va bien, l’année prochaine nous serons en N3, et tu vas pouvoir te régaler contre des joueurs à plus de 2000.
Au 4ème échiquier, Slavomir VINKOVIC (1950) joue avec les Blancs contre Willy BUET (1720) dans son style austère et aride qui invite l’adversaire à tenter de le bousculer et à forcer le destin. Dans ces cas-là, la riposte est foudroyante ! C’est bien ce qu’il se produit, mais malgré une position avantageuse et probablement gagnante, Slavomir ne trouvera pas le chemin de la victoire dans une finale très technique de Dames et pions où la moindre imprécision conduit à l’échec perpétuel. Slavomir doit donc se résoudre au partage du point dans cette partie interminable qui sera la dernière à s’achever.
Au 5ème échiquier, Hervé DELANDE, d’humeur badine, déconcerte son adversaire Alexis GUIONET (1775) avec un gambit de Budapest. Pas facile de trouver les bons coups sur l’échiquier quant on ne connaît pas cette ouverture … et le joueur courbevoisien se retrouve assez vite dans une position inextricable avec un Roi exposé, des menaces de tous les côtés et des pièces surchargées. Après sa déception pour avoir concédé la nulle en ayant raté d’un cheveu la victoire lors de la ronde précédente, Hervé remporte un gain convaincant avec les Noirs, le 4ème du match, et assure du même coup la victoire d’équipe (4-0 et une nulle à ce moment).
Au 6ème échiquier, Pierre LIOU (1919) est opposé avec les Blancs à Stéphane BRISTICA (1735) et déroute également son adversaire avec un Gambit Ecossais manifestement non maîtrisé par ce dernier. La sortie précoce de la Dame Noire en f6 est une erreur, même si les Blancs, eux-mêmes sortis de la théorie, ne l’exploitent pas aussi bien qu’ils l’auraient du. La pression est néanmoins forte et le joueur de Courbevoie commet une grosse faute, immédiatement punie par un petit coup de pion en h3 qui gagne irrémédiablement une pièce et permet au capitaine du Vésinet de signer la 3ème victoire de ce match.
Au 7ème échiquier, Jean-Philippe ANDRE (1840) est opposé avec les Noirs à Charles SENE (1732). Jean-Philippe n’est pas dans son assiette, préoccupé par l’état de santé de sa grand-mère pour qui il nourrit les plus vives inquiétudes. Sachant l’importance que l’équipe et que le Club apportaient à la montée en N3 et à ce match, il n’a pas voulu nous faire faux-bond à la dernière minute pour aller au chevet de son aïeule, mais ne cesse de se ronger les sangs. Et de fait, c’est une partie étrange que joue Jean-Philippe : Roi au centre qui ne peut plus roquer et forte attaque sur les cases blanches.
Mais Jean-Philippe trouve les bons coups et se retrouve dans une finale gagnante où son adversaire, qui s’est abîmé dans de longues réflexions, finit par oublier la pendule et à perdre au temps. Après nous avoir apporté ce 2ème point, Jean-Philippe s’excusera de ne pas rester avec nous jusqu’à la fin du match qui s’annonce encore long, mais manifestement ses pensées sont ailleurs.
Jean-Philippe, au nom de l’équipe, sache qu’en cet instant pénible, toutes nos pensées affectueuses vous accompagnent, toi et tes proches.
Au 8ème échiquier, Patrice NEYRET (1810) affronte la bête noire des vésigondins, à savoir Eric MONTAGNA (1732), capitaine de la N4 de Courbevoie, et tombeur de votre serviteur il y a 3 saisons dans une partie où il m’avait torturé pendant plus de 5 heures et qui m’avait définitivement dégoûté de jouer la défense Hippopotame.
« Bis repetita non placent » (enfin, ça dépend : pour le vainqueur s’est plutôt « bis repetita placent ») et Patrice, après avoir eu une position favorable quoique difficilement exploitable, commet une bourde qui perd la partie.
Défaite sans conséquence de Patrice (nous menions alors 5-0 avant qu’il abandonne) qui quittera tout de même fumasse la salle de jeu sans laisser à son capitaine la possibilité de lui offrir le champagne promis en cas de victoire d’équipe.
Allez mon Patrice … si aux échecs on ne devait gagner que les parties qu’on mérite de gagner et ne perdre que celle qu’on mérite de perdre … cela se saurait !
Une belle victoire qui ne nous garantie peut-être pas encore mathématiquement la montée en N3 … mais presque…
Il reste encore à remporter un match sur les deux dernières rondes, si possible contre Clichy VI dès le 10 février prochain à domicile.
Un match à notre portée, d’autant plus que Clichy VI, après sa victoire contre Colombes, ne peut désormais plus rien espérer ni craindre dans cette poule.
Un match à aborder avec sérieux, une victoire nous assurant définitivement la tête de notre groupe et la montée en N3.
Rendez-vous au 10 février en espérant pouvoir sabler le champagne !!!
Pierre LIOU