Le départ est un peu mouvementé en ce sens que le minibus a failli être introuvable. En cette fin de matinée, la tension déjà haute de Philippe Glod grimpe encore. Breafing chez la mamie autour d’un café pour un récapitulatif des participants; il y a là Ratko Krivokapic et Emil Bogdanov notre filière de l’Est, et puis celle de l’Ouest : Adeline Chaumont, Steven Jessel, Pascal Deslandes et Philippe Glod. Christophe Imbert aussi qui arrive avec Gilles Petracco le Karpov du Vésinet.
Le minibus tangue sur les autoroutes de Normandie sous la violence du vent de travers mais arrive à bon port peu avant l’heure critique limite pour donner à l’arbitre la composition de l’équpe. Nous sommes en principe supérieurs aux deux adversaires qui nous sont proposés (Guingamp et Agneaux-St-Lô) grâce à notre homogénéité. Rueil a aussi fait le déplacement pour jouer contre les mêmes. Ainsi, il nous sera donné d’observer de près nos frères ennemis, postulant à la montée derrière, a priori, l’intouchable chess XV. On joue dans l’ordre des élos.
Le samedi, c’est contre Guingamp. Steven ne met pas longtemps à démontrer sa supériorité avec les noirs contre un 2229. Pascal botte les fesses à une scandinave jouée par un 2212. Emil résume sa partie à un coup, Fxc3, très difficile à jouer d’après lui mais qui lui laisse une supériorité positionnelle définitive (contre un 2051). Ratko déroule contre un 2125, Philippe fait nulle contre un 2072, Christophe s’empêtre contre une scandinave jouée par un 1950 mais gagne en finale. Gilles met un mur de béton supplémentaire à sa collection contre un 1941. Enfin
Adeline surclasse un peu la féminine adverse à 1851. Total : 6-0 pour le Vésinet.
De l’autre côté Rueil est tout aussi brillant contre nos adversaires du lendemain : Shirazi invente des trucs comme à son habitude contre un 2394. Les pièces du franco-Iranien semblent avoir plus de possibilités que celles des autres et avec lui des trucs bizarres surgissent dans des positions pourtant plates. 7-1 pour Rueil. Seule leur féminine perd.
Le soir dans l’hôtel style maison de famille on s’acharne à démolir la partie de d’Emil. Ratko et Christophe contre Steven et Emil, sous l’œil impavide de Gilles (dort-il?). Mais le lendemain contre Agneaux-St-Lô, la justice immanente va s’abattre. Cette nuit là, la déesse Caïssa est passée au-dessus de la Normandie et était de fort méchante humeur. Steven a mal dormi. A six heures du matin, il arpentait les rues. Démons d’Erevan, prémonitions, fatigue? .
Au bout de deux heures de jeu ce dimanche, face à Agneaux quel est le bilan? Où est-on bien? Sur quel échiquier? Philippe surexcité par un gambit me le demande. Nulle part! Mais nulle part on est mal. Et puis le
temps passe encore un peu. Avec les blancs le 2394 martyrisé par Shirazi la veille, gagne le bras de fer d’une Sicilienne contre notre jeune champion de France, après une longue finale. Au 2, la Française de Pascal qui avait mis le roi blanc en fuite s’engage (contre 2103) dans une lutte de tranchée avec des blancs arc-boutés à survivre autour d’un monarque qui s’habille en vitesse. Dans cette partie, comme parfois, la faiblesse de vient force. Les ruines de pions deviennent béliers sur l’aile roi et après une âpre résistance l’invincible Pascal succombe. C’est la cata. On se regarde incrédule. Ouf, Emil gagne un 2150 et rééquilibre un peu le score. Mais horreur, Adeline couche son roi contre son jeune adversaire (1884). L’adversaire de Philippe, un 2020, a pris le pion du gambit à un moment inattendu mais Philippe a des fous qui dominent dans une position sans les dames et obtient la nulle. Ratko dans sa partie n’arrive pas à être mieux contre le 2117 qui lui est opposé, malgré toute son énergie. A un moment, la cadence s’en mêle, cette sacrée cadence Fischer. Il doit noter, la feuille doit être à jour. Balivernes! dit le géant qui continue à jouer. L’arbitre s’en mêle. Ratko est tout rouge, il éructe. Plus tard, la nulle est conclue
car roi et tour contre roi et tour c’est souvent nulle! Un point est acquis grâce à Christophe (contre un 1933). Alors si Gilles gagne, on s’en sort. Ce dernier domine, domine contre la jeune Marie Cheype (1871) mais ne gagne pas, pire il se met dans un réseau et perd. Et voilà!. On a perdu 4-2. Nous sommes abassourdis.
Alors tombe une nouvelle qui nous console un peu. Dans le même temps Rueil a perdu aussi 4-2. L’étonnant Shirazi n’a fait que nulle et Guingamp a bénéficié d’un point grâce à la sonnerie perçante du téléphone d’un joueur de Rueil.