La grosse Berline allemande aux verres teintés partie du Vésinet-Centre prend les joueurs au fur et à mesure. Elle est si grande que chaque voyageur peut s’isoler au 4 coins, comme dans un wagon du RER désert. A partir de 6 joueurs, on ne prend plus personne
Les deux autres partiront de leur côté dans une autre voiture puissante aux accélérations si fortes qu’elle nécessite le port du casque et que les airbags sont déjà déployés à l’intérieur, à titre préventif.
On roule. On se raconte comment on s’est préparé. On tend l’oreille. On ne comprend pas bien : des sons métalliques, est-ce une voix? Les bruits du moteur, des échos dans les vastes volumes…
On approche. Nous ne voulons pas répéter les même erreurs c’est à dire nous tromper de chemin. Il ne faut surtout pas prendre la rue au mille feux rouges ou empreinter une piste de villages, le samedi, jour de marché. Une fois on a eu les deux en même temps. Car les GPS perdent un peu le Nord dans cette région. Cette fois nous évitons toutes les fausses pistes même celles de type « Harfleur par la côte fleurie ». La colline de Gonfreville que nous avons appris à reconnaître est là, massive, débonnaire. Sur le plateau, les rues mènent aux champs. Sur l’un d’eux on a posé un rond-point, un Campanile et la Salle de jeu.
Sur le plan sportif nous ne craignons plus rien : ni la montée ni la descente, encore que cette dernière soit la moins menaçante.
Nous aurons Rueil comme adversaire le samedi. Le lendemain ce sera Bois-Colombes. Rueil est emmené par le légendaire O. Renet dont la mission est de faire monter l’équipe en Top 12. Il entend mener son affaire à terme. Il se méfie du Vésinet, il se méfie de toutes les équipes! Une concentration sur l’objectif qu’il réussit à faire partager à toute l’équipe.
Le Vésinet – Rueil Malmaison
1B JESSEL Stephen 2298 – g RENET Olivier 2488 f : 0.5
2N LAURENT Julien G. 2323 – f DUBESSAY Bastien 2360 : 0-1
3B f DESLANDES Pascal 2268 – m BRATANOV Zsivko 2459 : 1-0
4N f RABEYRIN Jean-Jacques 2194 0 – 1 f SONG Julien 2358 : 0-1
5B GLOD Philippe 2160 0 – 1 m DEBRAY Christopher 2398 : 0-1
6N CASTAIGNET Laurent 2171 – f HOURIEZ Clement 2302 : 1-0
7B IMBERT Christophe 2090 – MANOEUVRE Antoine 2260 : 0-1
8N CHAUMONT Adeline 2019 – AFLALO Sophie 2056 : 0-1
- C’est Stephen qui rencontre le GMI. Le joueur du Vésinet est dans sa Réti. Sous l’oeil des fianchettos, les pions avancent doucement et les échanges, qu’on voit venir de loin, se font comme s’ils étaient empoisonnés. Les pièces noires ne doivent pas se tromper de position. Le temps passe et Stephen a l’avantage. Mais les finales de tours ménagent des surprises et c’est le cas ici : les éléments favorables des blancs s’amincissent. Bientôt, continuer pour gagner serait risqué. Nulle
La Réti de Stephen, c’est la Benoni de Julien. Le pion e3 de l’adversaire est isolé et devient une cible qui va servir de base à l’initiative noire. Le début a donné confiance à Julien qui prend des pions. Il croit pouvoir toujours compter sur l’échec perpétuel en cas de souci. Mais il a mal calculé. Il s’est mis dans un réseau de mat. Il perd.
Pascal a les blancs contre un titré. C’est une bonne vraie Espagnole classique, familière, rassurante, comme si l’adversaire était un ami. Les gestes sont lents. L’après-midi va être longue. Pascal a de bons résultats avec cette ouverture. Il est si patient qu’il se fait déborder un peu, mais pas trop, à l’aile dame. L’adversaire s’enhardit et prend le pion d5. Mais il va le regretter. Le joueur du Vésinet est un peu courroucé, l’oeil a noirci. Il se met à calculer : comment profiter de la désorganisation et de la densité de pièces noires au centre. Il joue le coup que l’adversaire probablement craignait (36.Cxd6). C’est un coup porté au coeur, très compliqué. Les noirs se trompent et l’initiative blanche ne peut plus être réprimée. Gain Blanc.
Pascal Deslandes – Zsivko Bratanov
Position après 35.Td3 De6
36. Cxd6 Fxd6 37.Fxd6 Cxd6 38.Dxe5 Cde8
Jean-Jacques n’a pas un bon tirage avec les noirs car Julien Song c’est de l’énergie, une boule de talent et une vivacité qui le portent au firmament dans le jeu rapide. Il perdra le dimanche dans sa partie contre Gonfreville mais jouera parfaitement cette Slave avec Db3. Jean-Jacques regrette une prise en c4 qu’il juge à l’origine de sa défaite. Son adversaire lui confirmera cela le lendemain. Victoire blanche assez aisée dans un jeu plein d’amplitude.
Philippe peut regretter cette partie. Dans une Alapin, son adversaire joue Cf6 permettant Db3 et après un pseudo sacrifice de e4, on assiste a une forte initiative blanche. Christopher Debray s’accroche. La partie devient tactique. Les blancs n’ont pas roqué et ils doivent récolter les fruits de leur entreprise, vite, se retirer avec le magot et puis roquer. A la place de ça, ils gagnent la dame pour quelques pièces. Leur position devient passive. Philippe doit rendre du matériel pour respirer. Mais c’est fini. La prise de la Dame était factice. C’est avant qu’il fallait conclure
Laurent qui n’a pas joué depuis longtemps fait un modèle de partie Benoni. Il connaît parfaitement les rouages de la position et prend son temps pour obtenir une position solide. La puissance de son pion passé c augmente au fil des échanges. Le fou des blancs est dominé. La finale est jouée précisément par le joueur du Vésinet. Ce sera une des 5 défaites de Rueil depuis le début de la saison, avec celle contre Pascal.
Christophe joue la variante 6.Fc1 et 7. Dg4 dans la Mac Cutcheon. Il ne sait pas exactement pourquoi il joue cette variante (un souvenir d’enfance sans doute), ni, plus grave, exactement ce qu’il faut faire. Chacun de ses coups, quasiment, est réfuté, parfois doublement (14.Tf3), et les autres joués sont mal à propos. En face il est vrai il y a un excellent jeune joueur.
Adeline souffre dans cette longue Caro Kan variante Panov. La tenante des blancs, déjà championne de France lorsqu’elle était enfant est championne adulte en puissance. Elle va gagner la qualité en exploitant la faiblesse des cases blanches et gagner ensuite grâce au pion passé a. La longue résistance d’Adeline ne réussit pas à lui faire perdre patience.
Défaite 5-2
Le Vésinet – Bois-Colombes
1N f JESSEL Stephen 2298 – g KOZAKOV Mikhail 2469 : 0-1
2B f LAURENT Julien G. 2323 – m SHIRAZI Kamran 2398 : 0-1
3N f DESLANDES Pascal 2268 – f LE ROY Brice 2282 : 0-1
4B f RABEYRIN Jean-Jacques 2194 – DIONISI Thomas 2241 : 1-0
5N IMBERT Christophe 2090 – RIBEIRO Romain 2175 : 0.5
6B GLOD Philippe 2160 PLANE – Boris 2128 : 0-1
7N CASTAIGNET Laurent 2171 – CLEMENT Alexandre 2078 : 0.5
8B CHAUMONT Adeline 2019 – BALDI Valentine 1716 : 1-0
- Le GMI opposé avec les blancs à Stephen fait un dangereux gambit dans une Slave. Stephen connaît la variante et y entre. Les blancs vont simplement braquer les pièces sur le côté roi des noirs où le petit roque devra se faire, s’il se fait. Rausis, victime du joueur du Vésinet, vient voir régulièrement cette partie. Il voit un Stephen mal au temps, sur les dents qui, à la fin, doit donner une pièces et puis abandonner constatant que les compensations sont insuffisantes..
Laurent est opposé à Kamran Shirazi dont le jeu, tout le monde est d’accord la dessus, est très original. Ses cavaliers ont quelque chose de spécial. Il y a ds pièces un peu partout sans liens apparents. Ce jeu particulier, imprévisible, simplet dirait un débutant, fait de fulgurance, peut paraître provoquant et nécessite pour l’adversaire d’être zen et très vigilant. Julien fatigué en ce moment, finit par faire une faute qui stoppe net la partie
Pascal joue une variante Tarrash de la française avec les noirs (.3..c5) après Cd2. C’est la 2ème fois qu’il la joue et il va perdre pour la 2ème fois. Son adversaire joue tranquillement. Il va gérer les échanges jusqu’à laisser seulement la paire de fous de chaque côté. Le jeu noir est resserré. L’intrusion du roi blanc sur l’aile roi décide du sort de la partie
Jean-Jacques joue contre un ancien élève du Vésinet au très fort potentiel. Il joue une variante assez peu jouée (Fe3 puis Fg5) de la Sveshnikov. Le Cd5 domine le fou e7 mais la position noire reste solide. A ce moment là, il faut attendre dans cette finale Fou/tour contre fou/cavalier, ce que ne font pas les noirs. Ils montent le roi, a priori une pure folie (52…Rh4) : ils entendent échanger leur pion g contre le pion h. Mais la position exposée de leur roi ne permet jamais cet échange. Ce sont les blancs qui prennent et menacent mat. C’est imparable.
Christophe avec les noirs joue contre un jeune une partie des 2 cavaliers. Il suit 4. d3 : pianissimo.
Christophe, après avoir résisté, joue l’impatient d5 qui va l’obliger peu après à échanger son fou de cases blanches en f3 pour soulager e5. Un court répit car les menaces vont s’accumuler. Le roi ordonne le sacrifice d’un pion. La partie se calme. Le répit dure cette fois et les noirs reprennent espoir. La finale de dames se profile : elle n’est pas si mal que ça. Une fois la dernière pièce mineure échangée, la route vers la nulle se simplifie. Le roi noir est bien placé, le pion de retard n’est pas grave. Nulle.
Philippe va encore s’en vouloir : sur une défense des 2 cavalier les noirs jouent 5.Cxd4 (1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fc4 Cf6 4. d4 ). Fxf7 s’impose qui donne un pion et un déroquage mais Philippe joue Cxd4. Une fois encore l’occasion est manquée de prendre un gros avantage. La situation ensuite va s’équilibrer apèrs un petit passage difficile pour les noirs. Puis la fin voit Philippe en cris de temps perdre des pions un à un pour finalement perdre .
Dans une Sicilienne classique Laurent se contente de neutraliser le jeu blanc préférant, au moment où la question se pose de se lancer dans une aventure, choisir la voix de la raison. Il se bride sagement comme on bride les bolides pour éviter les excès de vitesse. Nulle
La jeune joueuse opposée à Adeline accepte un gambit dame. C’est traité sagement côté blanc, plus activement côté noir. Malheureusement pour la jeune joueuse de Bois-Colombes, le coup 16 Cd5, inattendu est mortel. Il met fin immédiatement à la partie.
Défaite 4-2