Il faut battre Bois-Colombes. C’est dimanche. Il pleut.
Dans la grande auto de Pierre, on étudie de très près le plan qui doit nous mener dans l’antre de l’ogre Dionisi. Après quelques bagarres avec les allées et contre-allées de la ville, style échanges sur les colonnes ouvertes, on arrive bon an mal an au lieu dit. Tout le monde est déjà là. Pierre réitère « Les gars, ça me ferait super plaisir que quand même, pour mon anniversaire, vous m’offriez la victoire. » On peut dire a posteriori que s’il n’avait pas insisté, les choses auraient pu se goupiller plus mal. Tenace dans le créneau comme dans le mot d’ordre, Pierre a été entendu.
Au 1, Philippe affronte Guerlach, cent Elo de moins que lui. Dans son style, une sorte de Grünfeld étonnante où, quoiqu’il semble tôt un peu mieux, on imagine que son adversaire doit pouvoir annuler. C’est sans compter sur le fait que Pipou est un fischerien des finales fou contre cavalier, lesquelles je l’ai rarement vu perdre. Philippe gagne.
Au 2, Slavomir joue un système avec d4, g3 et c3. Pas du goût de tous, même s’il y est habitué. Les noirs semblent égaliser facilement, le matériel disparaît assez vite et (selon les bruits qui courent, les dimanches d’hiver, dans les salles de jeu d’échecs) l’avantage a changé de propriétaire plusieurs fois avant que Slavomir ne gagne.
Au 3, Môssieur Pierre joue une Est-indienne. Sûrement surpris par une finesse de son adversaire dans l’ouverture (e3 puis un coup plus tard e4?!), il renvoie la pareille avec un e6?! e5!. C’est une est-indienne avec Fg5 où les noirs ont en fait des temps d’avance. Tout se déroule sur les cases noires, Pierre est serein et avec l’aide de son adversaire -qui oublia ce jour-là que la cadence de N4 confère un ajout de temps passé le quarantième (et s’imagine donc en sacré zeitnot)- gagne une pièce dans une position nettement supérieure. Pierre gagne sa partie, et un peu sa journée (confidence post-partie).
Au 4, Paul a les blancs dans une slave Meran, contre un très jeune joueur. Souvenir de quand c’était lui, le jeune joueur. N’en mène pas large. Néanmoins, il prend des risques peut-être inconsidérés (sacrifice en d6 puis en f7, jour où les cavaliers étaient en verve) et l’emporte assez rapidement après. Ouf.
Au 5, Vishy Anand. Une Kan (Paulsen?) avec les noirs. Il joue très vite, semble très confiant. Empoche un pion très rapidement. Son adversaire semble de ceux qui bien qu’ils n’aient plus l’air dans le coup montent une attaque qu’ils voudraient éclair. C’était sans compter sur le même Vishy Anand, à qui on ne la fait pas sur sa Paulsen (Kan?). Gain éclair. 5/5
Au 6, Patrice. Plutôt disciple d’Henry Bird que d’Anand. Objectif mat. Ca ne fonctionne pas exactement comme prévu, une tour blanche se hasarde sur la quatrième comme le badaud qui s’imagine qu’à la maison du combattant le samedi, c’est brocante. Sauf que cette même tour, plus hardie qu’il n’y paraissait, délivrera le mat dans une position dans laquelle la nulle semblait inévitable. Bravo Patrice.
Au 7, Florian. Dans l’autre Meran du jour, il a les noirs. Il se rend compte assez vite que ça n’est pas aussi calme que prévu. Les cases noires ont raison d’une brèche olé-olé sur son roi. Bois-Colombes 1.
Au 8, Pascal joue une Moderne de façon absolument moderne, rimbaldienne. e4 g6 b3! S’ensuit une partie que des nerfs humains normaux auraient supporté très mal. On imagine qu’il est mieux, et puis non, et puis oui, et puis finalement, pas sûr. Les pions centraux noirs semblent rouler sur le roi, tandis que les pions blancs, un peu à la manière de surdoués bien que partant en trombe chutent, ne suffisent pas à gagner. Les noirs gagnent. Une partie très mouvementée, jouée avec beaucoup de coeur de la part des deux joueurs. (Partie du jour?)
6-2 score final. Toujours l’anniversaire de Pierre. Bon anniversaire Pierre.
Paul S