Le Vésinet accueille les équipes de Nantes, Rennes et Créteil. C’est un week-end avec des matchs groupés. Les 8 autres équipes sont à Agneaux St Lô.
Pour une équipe de Province, être arrivé à Paris ne signifie pas être au bout de sa peine car une fois dans l’agglomération parisienne, à part la tour Eiffel, fini les repères. Les villes changent de noms sans prévenir. Pas de grand chêne pour se repérer. La Seine de temps en temps. Encore fait-il bien la connaître car ses méandres lui donnent un peu le don d’ubiquité.
Dans la salle des combattants, le chant plaintif du RER qui freine et démarre ne se fait plus entendre car c’est la grève. Le chuintement familier a été remplacé par des toux poussives qui alertent l’esprit en ces temps infectés.
L’équipe du Vésinet aborde le mercato en bonne position. Notre adversaire du samedi est l’équipe de Nantes, un peu plus faible que nous « derrière » mais à peine. Rennes, notre adversaire du lendemain, joue Créteil en même temps. Les repérages sont peu coûteux en équivalent carbone.
On enregistre l’absence de Stephen ces deux jours. L’arbre à arbitre du Vésinet a été secoué mais rien n’est tombé. C’est donc Christophe qui arbitrera, ce qui représente une deuxième défection.
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- Le Vésinet – Nantes
1N Pascal Deslandes 2314 – Sébastien Delaunay : 0.5
2B Laurent Large 2240 – Stéphane Crouan : 0.5
3N Philippe Glod 2181 – Boris Chabradze : 0.5
4B Eric Cheymol 2181 – Karim Miraoui 2101 : 1-0
5N Rémy Bonnaud 2215 – Claire Marchadour 2072 : 0.5
6B Laurent Castaignet 2184 – Jean-Philippe Martinez 2091 : 0.5
7N Laurent Simon 2058 – Eric Murie 2096 : 0.5
8B Maud Millet 1960 – Elise Chabradze 1770 : 1-0
Pascal se gratte la tête dans une Saëmisch agressive. Au 13ème coup il se demande comment il va bien pouvoir sortir de ce guêpier et c’est alors qu’on lui propose nulle. Acceptée instantanément! Son malheureux adversaire est mal fichu et a trouvé ce truc pour terminer vite: menacer carrément l’adversaire et proposer nulle au plus fort de ses soucis.
Laurent dans une Réti (peut-être) retient son centre pour le faire mordre plus tard. Au 19ème coup, il joue d4 alors que personne ne s’y attend. Son adversaire peut prendre avec Dame mais est troublé, hésitant à reconnaître les signes du comestible à ce champignon qui pourrait fort bien être vénéneux. La nulle est conclue.
Le spectateur à la toux est arrivé et est très intéressé par ces matchs. Pour le moment il est du côté de Rennes
- Avec les noirs, Philippe choisit une variante des 4 cavaliers que le GMI Alexander Graf joue. Son adversaire aplanit la position avec une suite tranquille qui échange les dames. Il ne se passe alors plus grand chose et c’est une nulle.
Eric joue la variante tranchante d5 sur l’Alapin et puis 5.e5 liquidant le centre. Les adversaires font 0-0-0. Le 11ème coup noir, Ce7, est très passif et va déclencher l’emprise d’Eric sur la partie. De plus, les noirs vont trop utiliser leur dame et leur position va se dégrader. Victoire d’Eric.
Sans se déconcentrer, on peut suivre le trajet du spectateur aux bronches encombrées qui répartit assez bien les chances entre les équipes même s’il favorise plutôt celles côté radiateur. Quand il s’approche, certains redoutent d’avoir une position tendue et on assiste à quelques échanges hâtifs.
- Rémy est dans une Ecossaise et joue la variante Df6 et Dxc6. Les fous noirs sont échangés en ç5 et les blancs font 0-0-0. Rémy va monter très vite une attaque mais au 20ème coup, il reprend avec une tour lors d’un échange en b4. La prise avec le pion permettait à l’attaque de se poursuivre même si elle changeait de nature. Au 39ème coup, sur demande de la joueuse de Nantes, il y a nulle par répétition de coups.
On a fourré le tousseur dans un cagibis avec une feuille de partie et un échiquier. Dès qu’il met le nez dehors, il y a toujours quelqu’un pour le foudroyer du regard et la porte se referme.
- Dans une Alapin, Laurent domine les débats. Les noirs doivent souffrir avec un pion c arriéré et un pion a faible. C’est toutefois solide et en présence des dames il faudrait un réel avantage pour avoir des chances. Nulle sur proposition de Laurent au 32ème.
Laurent S est aussi dans une Ecossaise variante 3.Dxd4 et De3. Les blancs attaquent à l’aile Roi et les noirs à l’aile Dame. Structurellement, les blancs semblent mieux. Lorsque l’attaque de Laurent sera stoppée, l’adversaire pourrait avoir de meilleures perspectives en finales. A cet effet, les tours sont échangées. Mais Laurent arrive à faire surgir d’autres menaces à l’aile Dame, combinant pions et fous. Finalement la nulle est conclue.
Avec les noirs, l’adversaire de Maud lui tient la dragée haute dans cette Slave marathon. C’est même elle qui relance avec 28..e5. Le fou blanc est puissant et Maud l’échange. Au 40ème les dames sont échangées et la finale de tour est gagnée en 25 coups par la joueuse du Vésinet.
Victoire 2-0.
A l’issue de la ronde 5, Le Vésinet est en tête du groupe Ouest. Il nous prend un petit vertige.
De l’autre côté, Rennes s’est défait facilement d’une équipe de Créteil fortement amoindrie.
Rennes est en forme. Ils sont prenables derrière mais il faut se méfier. On appelle Paul à la rescousse. Nous avons confiance, il nous marquera un point à la probable surprise des adversaires, vu son petit élo.
Le dimanche, le temps s’est refroidi. Pascal est en avance : « il neige » dit-il en guise de bonjour. Comme il se rend compte que son bonnet ne comporte aucune trace de cette nouvelle, il nous indique qu’il s’agit de petits flocons entrevus dans le ciel du Vésinet. L’arbitre se perd quelques instants dans la contemplation des cadrans de la DGT XL comme si on pouvait y voir le ciel, l’éteint et en reprend complètement le réglage.
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- Le Vésinet – Rennes
1B Pascal Deslandes 2314 – Charles Monroy 2433 : 0.5
2N Laurent Castaignet 2184 – Ludovic Lejarre 2370 : 0-1
3B Rémy Bonnaud 2215 – Jonathan Demanghon 2218 : 0.5
4N Eric Cheymol 2181 – léopold Simon 2096 : 0.5
5B Philippe Glod 2181 – Cédric Bleuzen 2042 : 0-1
6N Laurent Large 2240 – Yoann Le Montagner 2020 : 0.5
7B Paul Saglier 1902 – Erwan Bleuzen 2046 : 0.5
8N Maud Millet 1960 – Le Bail Arielle 1854 : 1-0
Pascal a enclenché la première de son Berliet et menace de tout emporter dans cette Pirc avec les blancs. Alors le MI en face surveille chaque coup de son adversaire pour trouver la faille …..qui survient sous la forme d’un échec du balayeur qui a échappé à Pascal. Notre joueur s’en sort avec deux tours contre la dame : c’est une nulle en 31 coups.
L’adversaire de Pascal d’hier, celui qui était souffrant, joue contre Benoît Lepelletier et sa partie est un calvaire. Il perd. On le trouve lourdement assis près d’un radiateur, le regard éteint. Epuisé, sa voix ne porte plus et il se taît. Seul son oeil bouge de temps en temps.
- Laurent C, même s’il le fait moins, a beaucoup travaillé les ouvertures et les systèmes qu’il joue. Dans les dernières saisons, ses succès contre des adversaires à plus de 2300 n’ont pas été rares. Là encore dans l’ouverture le 2370 auquel il est opposé avec les noirs n’obtient pas vraiment grand-chose. Mais Laurent consomme trop de temps pour rester à flot dans cette Richter Roser et il perd au 38ème coup.
Rémy avec les blancs prend la même variante de la Mac Cutcheon de la Française que Stephen à Lisieux. Améliorée sans doute car après 14..f5, il lui suffirait de jouer Fe2 pour terminer la partie. Mais il joue c4 ce qui donne le temps suffisant aux blancs de sortir vivants de l’ouverture. Ensuite il y a neutralisation réciproque des adversaires en finale de pièce mineure.
R. Bonnaud 2215 – J. Demanghon 2218
15.Fe2 semble seulement décisif … car 15..a6 sauve les noirs 16.Fh5+ Rd7! 17 Cc3 Fe7 18.g3 b6 même s’il y a avantage blanc.
Eric joue une slave qui va être la plus longue partie du match. Beaucoup de manoeuvres en milieu de jeu et peu d’échanges. Eric finit par rentrer dans la position adverse mais son attaque est neutralisée par des possibilités d’échec perpétuel dans cette phase où les dames sont encore là. Nulle en 53 coups.
Le malade change de place périodiquement, mais il le fait doucement tentant de limiter au maximum le frottement de son corps contre ses vêtements. Il a bien du mal. Peu en forme au départ, nous dit-il, il aurait mieux fait de ne pas venir.
- Dans une variante d’avance de la Française, Philippe qui a les noirs veut profiter de son avance de développement à l’aile dame et se lance dans un gambit. Les lignes sont ouvertes et le roi noir est au centre. Il tente de jouer sur tous les tableaux, à tort. Les noirs sont pressés partout mais jamais trop et se réorganisent au fil du temps. Au 20ème coup il ne reste que 2mn au joueur du Vésinet qui finit par perdre.
Laurent L. a les noirs et joue une moderne. Les opportunités de prendre l’avantage comporteraient un lot de risques trop grands et la défaite est interdite à cet échiquier vu la différence des élos. La position est plate avec des fous de couleurs opposés. Nulle sur proposition des blancs au 33ème.
Paul joue avec les blancs dans une position avec g3-Fg2 de type Hollandaise. Les paires de cavalier virevoltent. Les noirs semblent prendre l’avantage à l’aile dame. En fait, cela ne sera que le début de leurs ennuis : à partir de 20.Txb3! sacrifiant la qualité, ils sont en sursis sans le savoir. Leur erreur est peut-être Th1 car la menaçante tour va s’enfermer. Puis les blancs qui ont trop de choix se trompent et les noirs trouvent un joli échec perpétuel in extremis. Une partie magnifique, qui sera mise dans les parties d’anthologie.
P Saglier 1902 – E.Bleuzen 2046
Paul joue 43.De6 mais la dame était mieux en f6 avec la menace de mat en e7 et la protection de b2 …43.c6! forçait l’abandon
On a assisté à une curieuse partie entre Maud qui a les noirs et son adversaire. Un rude combat où les blancs entreprennent des choses à l’aile dame et y sont stoppés. Après l’échange des dames qui a lieu au 23ème coup Maud attaque à l’aile roi. Le roi monte. Les pions montent. Un cavalier emporté par son élan s’isole dans le camp ennemi et est pris. La seule chance des noirs à partir de ce moment est de jouer actif pour garder des chances même faibles. Elle donne une 2ème pièce réduisant le capital pion des blancs à 1. Elle espère gagner le dernier et voir les blancs démontrer qu’ils s’avent mater avec fou et cavalier. Pari risqué mais c’est la dernière chance. Et puis …survient l’égarement de la joueuse de Rennes (dont l’équipe a match gagné quoi qu’il arrive) qui permet aux deux derniers pions de Maud d’arriver en 2ème rangée et à l’un d’eux d’aller à dame. Les noirs gagnent! Incroyable. Partie de 85 coups
Défaite 2-1
Rennes repart avec deux victoires, Nantes avec deux défaites.
En tête du groupe, Agneaux-St-Lô et Tours se sont neutralisés. Ils sont devant. Nous sommes 3ème, ex-aequo avec Rennes Créteil et Guingamp.