On entend parler depuis longtemps des échecs aléatoires créés par Bobby Fischer (appélés aussi Fischer Random Chess, Chess960, FullChess ..).
Le monde des échecs reste prudent devant cette invention du prodigieux américain qui fut présentée en 1996. Selon Fischer, les échecs orthodoxes doivent se renouveler car l’évolution montre que dans leur forme actuelle ils favorisent le labeur et la technique plutôt que la créatitivité et l’imagination.
Le joueur d’échecs, conservateur, n’aime pas se trop se disperser et cette version, à l’instar du Janus, une variante féérique du jeu, est regardée un peu de façon condescendante.
Samedi dernier, nous avons condescendu et nous nous y sommes adonnés le temps d’un après-midi. Frédéric Baches apprécie cette variante des échecs et sous sa baguette huit joueurs du club on fait un tournoi toutes rondes.
Cela a commencé par un apprentissage des règles:
– seule, la rangée des pièces est tirée au sort (par un petit logiciel);
– une fois les pièces blanches disposées, les noires sont placées symétriquement;
– les deux tours ne peuvent être d’un même côté du roi;
– les fous doivent être de couleurs opposées;
– Le roque ah le roque! (avoir une pensée pour les animateurs qui devraient apprendre ce roque à des jeunes élèves) : où que soient le roi et la tour, ils se retrouveront, après le roque, dans la position d’un roque exécuté de façon classique.
– lors d’un tournoi, tous les échiquiers ont la même position en début de ronde.
Pour le reste, tout se déroule dans les conditions du jeu classique.
Pas tout à fait le même (surtout au début), pas tout à fait un autre, ce jeu d’échecs a du charme.
La partie débute par une réflexion pré-pendule. Effectivement, on a des raisons d’être hypnotisé par un duo de cavaliers en a1/b1 . D’ailleurs chaque tirage apporte son lot de curiosités et une petite méditation n’est pas de trop pour violenter un esprit qui peine à trouver des idées précises de démarrage dans cette cacophonie positionnelle.
Pour éviter les crises cardiaques, le roque s’annonce au moment où il est réalisé car il ressemble plus à un bond de grenouille qu’à un noble mouvement de repli.
Une fois en cours, il est naturel de faire en sorte que la partie tende à ressembler à un déroulement de jeu habituel. Par exemple, comme poussées par la gravité, il n’est pas rare que les tours se retrouvent sur les colonnes extérieures, que le confort douillet du fianchetto accueille son locataire habituel, le fou, et que les cavaliers se replient au centre pour soutenir les pions.
D’autres joueurs, les Improvisateurs, réussissent à faire collaborer les pièces entre elles facilement et entreprennent des actions rapides. Déjà, après quelques rondes, la façon de jouer est différente, devient plus fraîche, plus déliée, plus « boîte à outils ».
Paul gagne avec 6,5/7 suivi par Eric et Christophe 5.5 puis par Marc, 4.5.
Merci à Frédéric pour cette initiative.