Pendant que la France joue au foot, en France certains jouent aux échecs.
A la maison du combattant, la N2 du Vésinet accueille Drancy pour le 2eme match de la saison.
Sur le papier, à part au 8 où il y a un non classé, les Elo du Vésinet sont supérieurs, voire très supérieurs. Alors dans ces cas là, on doit dominer partout, c’est normal. Quand on a un gros Elo face à un petit Elo, on a les gestes lents du « possesseur de la science», le sourire n’est jamais loin, l’aisance des gestes est de mise. « Ne vous inquiétez pas, vous ne souffrirez pas » est le message secret du cerveau à l’intention de l’adversaire.
Pourtant, dans ce match, la domination du Vésinet n’est pas là. Le cerveau allait ajouter «vous ne verrez rien venir, ce sera rapide » mais il se tait. C’est tendu. Et au bout de deux heures, toujours tendu dans les 8 matchs. Tout ça n’est pas normal.
A la mi-temps, les 8 dos de Drancy sont encore penchés sur l’échiquier, massifs et immobiles, alors que les trois derniers échiquiers du Vésinet gigotent sur leur chaise. Ca sent mauvais.
Le cerveau, prompt à prendre des décisions, envisage une malédiction. Reviennent les souvenirs, pas si rares, ou l’inverse s’est passé : le Vésinet, petit-Poucet, qui mange l’ogre.
Très vite on passe de la confiance à l’inquiétude. La panique se tient prête, tel un acteur en coulisse, qui va faire son entrée. On serait dans un champ, on commencerait à regarder les options de fuite, comme une biche face à 8 chasseurs.
Va-t-on perdre ? Il y a une expression africaine, le cœur qui fait « glou », pour parler d’un choc émotionnel quasi fatal, comme celui d’un patron du CAC 40 qui ouvre sa fiche de paie et qui voit un SMIC. Mais, phare en pleine mer, au 5, le Vésinet gagne. On ne sera pas fanny. Notre coeur ne fait pas glou pour l’instant.
C’était en réalité un signe avant coureur car devant ce qui était incertain tourne en notre faveur, et derrière ça tient toujours. La malédiction attendra. L’acteur dans les coulisses est parti. Le Vésinet gagne 4-1 !