Il reste deux rondes. Les 4 équipes en tête, Clichy, Issy-les-Moulineaux, Le Grand Echiquier et Le Vésinet, ne se rencontrent pas : leur duel est indirect
Mais les deux équipes concurrentes, sans faire injure à Clichy qui est hors compétition et Issy qui est un peu derrière, sont Le Gd échiquier et Le Vésinet. Il y aura un match dur pour chacun: pour le Vésinet ce sera Malakoff le samedi et pour le Gd Echiquier le Club 608 le dimanche
Le Miracle viendrait d’une victoire du Club de M. Clauzel sur celui de JC Moingt
Et pour que ce miracle soit possible il faut gagner à Malakoff. La salle de jeu au 22 passage du Nord est une carte postale. Le cadeau chiche d’une commune, jadis, qui fait le bonheur des joueurs d’Echecs depuis. Ceux-ci se sont appropriés le lieu, un lieu un peu à l’ancienne, à la Russe. Des recoins, sans prétention, mais échiquéens, comme on les aime. Un lieu entièrement dédié aux Echecs avec des années échiquéennes qui laissent des traces. Dans un coin, des photos que personne n’a retirées et qui vieillissent tranquillement: un Karpov jeune avec, à côté, un Haik tirant sur sa cigarette; une montagne dont on se demande ce qu’elle fait là, un pont sur le Gard, et des dessins : des dessins d’enfants et des dessins de Sylvain Zinser, agrandis. Dans l’armoire, des pendules dont le côté électronique paraît anachronique, et de vieilles revues, comme sur des tables. Des monceaux de vieux journaux d’Echecs. Peut-être l’explication de la carte postale. Dans un vieil EE de 73 une grosse colère de Fischer et dans un courrier des Echecs de 1955 les humeurs laborieuses d’une FFE débutante.
Mais les Echecs c’est du présent surtout. Du tenant et aboutissant, du bois qu’on pousse ou qu’on menace de pousser.
Malakoff n’est pas tiré d’affaire. Le match va être tendu pour des raisons différentes car nous, on prétend monter, contre toute attente. Cette année rien ne peut arriver au Vésinet, c’est le sentiment qui s’est installé après la victoire contre le club 608 de la ronde n°1. Un sentiment que n’a pas écorné la baffe reçue à Clichy, ni la volée contre le Grand Echiquier. Pourtant sur le papier, pour ce match, comme contre Issy et le Chesnay, Le Vésinet n’est pas favori. Seulement la sensation est là, instillée à la base par quelque chose de précis : la présence d’Adeline derrière et celle de Stephen devant.
Malakoff et Mat 2-4 Le Vesinet
BOULARD Eric 2272 X – X f JESSEL Stephen 2314
DAL BORGO Albin 2225 X – X f DESLANDES Pascal 2294
DUSSART Frederic 2250 0 – 1 ADAM Etienne 2194
LEBRUN Xavier 2150 0 – 1 f RABEYRIN Jean-Jacques 2216
GOLLAIN Marc 2136 1 – 0 LARGE Laurent 2238
CONSTANTIN David 2080 0 – 1 IMBERT Christophe 2020
BRIONNE Thierry 2064 1 – 0 CHEYMOL Eric 2085
RIVOALAN Elodie 1716 0 – 1 CHAUMONT Adeline 2003
Démarrées à 14h15, toutes les parties sont encore en route à 17h30 : chez Eric c’est mal engagé mais Stephen c’est plutôt bien.
- Stephen, le 1er échiquier du Vésinet a repéré une pièce qui, comme une jeune gazelle, s’est écartée imprudemment. Le troupeau protecteur n’est plus visible. La pièce tombe, mais le lion s’est égaré. Le bilan entre l’énergie déployée et les bénéfices de la prise ne laissent pas une marge suffisante pour gagner. C’ést une finale de tour avec un pion de plus qui sera nulle.
Pascal est dans une variante Keres de l’Espagnole. Depuis une partie rapide qui lui a laissé un très mauvais souvenir il n’est pas loin de se dire qu’on lui joue cette variante exprès. Mais ça se passe bien. Il a un pion passé bien embêtant pour l’adversaire. Tout est calme autour, les cavaliers s’étant évaporés. Les Dames sont échangée, Pascal rentre en 7eme. Mais la présence des Dames était requise, au moins encore un petit moment. Le pion va être rendu et la compensation ne sera pas suffisante pour gagner.
La différence dans ce match va se faire au milieu, par les hommes en forme : Etienne et Jean-Jacques
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Dans une Richter Rauzer, Etienne va pouvoir placer le sacrifice de qualité en c3 et, juste après, le coup d5 qui ouvre les lignes vers les cases noires. C’est décisif. Peut-être la victoire la plus importante du match car réalisée contre une adversaire qu’on pouvait redouter.
La partie de Jean-Jacques, une Italienne Philidor, confirmera la réussite en finale cette année du joueur du Vésinet. Rien n’arrêtera ses pions passés. Sa bonne série de résultats continue.
On tient devant et on gagne au milieu. Que se passe-t-il derrière où la présence de Laurent et Adeline laisse présager de bonnes choses.
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Laurent est dans une Marocsy avec les noirs. Après la partie il se dira qu’il aurait mieux fait de laisser arriver l’Est-Indienne. Car dans cette partie les perspectives noires sont nulles et vont être amenuisées par une reprise en c5 par une pièce. Une tour qui ne peut se recycler en finale de tour + pièce mineure. Cela force son abandon. Aïe.
Le ciel s’assombrit. Mais Christophe va se charger de suppléer son camarade
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Au 5 il a les blancs dans une Najdorf avec Fd3. Son adversaire roque sans penser à mal. Mais cela permet e5 et donne un gros avantage à Christophe. Un avantage capricieux que Christophe va poursuivre comme on poursuit un papillon. Il fait des gestes désordonnés et abat son filet pour rien un certain nombre de fois, avant de conclure.
Au 6, les blancs vont percer à l’aile Roi et y placer un pion qui va créer bien des soucis à Eric. L’adversaire doit rester concentré car Eric tente de sauver sa partie par tous les moyens. Et, au mieux, Tour + cavalier contre tour serait nulle. Les simplifications n’apportent que l’illusion du soulagement. Rien n’y fera.
Adeline va mettre longtemps à mettre sa Slave en position de débordement, en toute sécurité. Bonne résistante de la joueuse de Malakoff
Pendant ce temps le club 608 cartonne et se met en sécurité. Cela est inquiètant un peu car quelle incidence cela aura-t-il sur leur match de demain contre le Grand Echiquier.
Quant au Vésinet il est difficile d’envisager une contre performance le dimanche contre Arpajon, car ces derniers viendront à 6.
Le Vesinet 7 – 0 Arpajon
f JESSEL Stephen 2314 1 – 0 NGUYEN Marc-Antoine 2108
f DESLANDES Pascal 2294 1 – 0 COQUELIN Philippe 1934
ADAM Etienne 2194 1 – 0 LE JOSSEC Patrice 1975
f RABEYRIN Jean-Jacques 2216 X – X CASTANON Erick 1907
LARGE Laurent 2238 1 – 0 ROUILLON Robin 1867
DIVIES Renaud 2052 1 – 0 SIMON Benoit 1879
CHEYMOL Eric 2085 1 – F
CHAUMONT Adeline 2003 1 – F
Dans les premières heures, rien ne laisse présager un score fleuve. Toutes les parties sont serrées. Les joueurs d’Arpajon ne s’en laissent pas compter
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Stephen entend bien arrêter sa série de nulles. Il compte sur sa Réti. La Réti il faut savoir la « lire». Et attention aux chemins de traverse, aux gazouillis joyeux dans les taillis, aux ruisseaux qui serpentent en souriant entre les rayons de soleil. Autant de fausses pistes qui font que, mille fois, on peut se perdre. C’est à cause de la case e6 que les noirs vont succomber. Autour de e6 l’armée de Stephen va s’organiser et croître. Sous la pression l’adversaire commet une faute fatale
Une très jolie conclusion en finale pour Pascal qui aura mis du temps à venir à bout de son adversaire. La partie est une Tromposky, variante Ff4. Il fallait éliminer les velléités à l’aile roi, réduire le champ du fou de cases blanches et rendre son propre cavalier dominateur. Quand le roi noir de Pascal va monter dans une finale de tour + pièce mineure, les pions blancs vont tomber un a un. Bellissimo.
Etienne avec les blancs dans une Pirc va gagner la lutte du centre. Les coups noirs sont moins nombreux, les perspectives pas folichonnes. Etienne va profiter de son avantage d’espace pour accroître sa domination et avancer ses pièces. Victoire logique.
Début du pion Dame pour Jean-Jacques ou semi-Slave. Très enclin à jouer les finales, Jean-Jacques va préparer son entrée en fin de partie avec 2 pions de plus passés-liés. Dieu seul sait ce qu’il se passe alors mais il n’en reste plus qu’un, et fort mal placé. Même ainsi ça pourrait gagner mais il manque un temps pour couper le roi adverse *. Et une nulle méritée pour un adversaire qui s’est bien battu.
Ca prend bonne tournure. Et ça commence avec Laurent qui faut rendre les armes à son adversaire en 17 coups. Une position de quasi zugwang rarissime en début de partie avec toutes les pièces. L’adversaire n’aura pas le temps de faire le 4eme fianchetto.
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L’adversaire de Renaud positionne ses pièces pour garder un pion du Benko. Pour cela, la Db3 semble bien placée. Mais c’est une case blanche et Renaud est le roi des cases noires. Ce petit hiatus agrémenté de quelques tours de passe-passe suffisent au joueur du Vésinet pour construire une attaque à l’aile roi. Elle est plus forte que l’intrusion d’une tour en c7, tellement tentante. Belle victoire contre un adversaire pourtant vigilant.
Aux échiquiers 7 et 8 pas d’adversaire. Arapajon est venu à 6 (en prévenant). Ils ont eu beaucoup de difficultés à avoir une équipe complète cette année ont-ils dit. De quoi compatir, nous qui avons eu aussi ce type de difficultés et les aurons sans doute encore.
Au sortir de ce match, l’équipe n’a qu’une hâte : savoir ce qu’il se passe à l’hôpital St Louis où s’achève un autre match : Club 608 – Le Grand Echiquier. Le miracle a-t-il eu lieu ? Laurent en est persuadé, il l’a répété tout le week-end : pour lui Le club 608 va gagner. La fébrilité gagne l’équipe. Et puis, au même instant, on reçoit de la N4 qui jouait là-bas un SMS, lapidaire :
« En N2 le club 608 mène. A cette heure le Grand Echiquier peut au mieux égaliser en gagnant les 3 parties encore en cours. ».
Cette simple phrase explose dans nos têtes : nous sommes en N1 !
Une phrase qui restera gravée et qui sera, pour ça, gravée sur le fronton de la Maison du Combattant.
Evidemment quelques petites vérifications doivent être faites (par ex Clichy est devant nous mais ne peut-il vraiment pas monter ? Et si Clichy 2 refuse de rester en N1 et si et si..)
* Est-ce du bridge? Du tarot? Le S.