N2, ronde 1 – ce dimanche 13 octobre, Le Vésinet rencontre Clichy.
Le temps se contracte, les compteurs s’embuent au club de Clichy. On retrouve des locaux familiers, sans savoir quand on était venu la dernière fois, sans pouvoir mettre une date sur une année, sans pouvoir mettre un nom, un résultat sur un visage qu’on croise. Un sourire remplace un souvenir lorsque ces derniers tardent. Aux échecs, en matchs par équipes, on rencontre les mêmes clubs avec parfois une éclipse d’une année ou deux, parfois en N1, parfois pas. Souvent pas. Les clubs sont comme des immeubles qui changeraient tous les ans de place dans une même rue.
Ce sentiment de « nous revoilà-là » n’est pas partagé par tous car dans les équipes il y a des nouveaux, des qui ont moins baroudé par équipes. Au Vésinet, un moindre baroudeur c’est Jean-Yves. Un novice avec le Vésinet c’est Arthur. Des plutôt anciens ce sont Thomas et Suvrojita, pourtant jeunes. Un plutôt récent c’est Baptiste, l’homme au smartphone expert, qui guide l’équipe entre l’hôtel et la salle de jeu les WE de matchs. Un novice aussi, c’est Luca, frais émoulu de la génération top-jeunes du club. Il est dans l’équipe fanion pour ce match pendant que son père va faire 25 km dans les rues de Clichy.
Les anciens sont Pascal et Christophe, des rescapés du groupe dit de Saint Germain, quand le club était de l’autre côté de la Seine.
Eh bien tout le monde va gagner ce jour.
Ou presque.
– au 3, Baptiste sortira de sa partie perdue sans trop de regrets.
– Et on doit bien parler de perte pour Luca au 5 dans une finale de tours retorse, malgré une élaboration soignée de victoire. Jusqu’à 5 coups de la fin, la victoire qui se dessinait pour lui depuis 30 coups semblait écrite. Dans les coulisses on murmurait que ce qui advenait était d’autant plus méritoire que l’adversaire, concentré, ne lâchait rien. Un hommage à l’adversaire « pour la galerie » dans l’euphorie du point de plus qui aurait porté le score à 7-0, Baptiste n’ayant pas fini et Pascal étant en train de gagner. Mais la prédiction s’est avérée maudite. Les finales de tours sont maudites.
Côté victoires,
– Suvrojita au 8 contre une jeune adversaire assure le point en prenant les précautions qu’il faut pour y arriver, quelle que soit la force qui se cache derrière un modeste Elo Fide. Très précieux pour une équipe.
– Pascal au 1 gagne contre un jeune et fort adversaire, presque maître, dans une partie qui ne lui a pas posé de souci, du début à la fin. Il n’en revenait pas. L’unique de sa vie contre ce type d’adversaire a-t-il dit.
– Thomas au 2 gagne un peu comme il donne souvent l’impression, à savoir un milieu de partie avec des coups inattendus, une activité forte, des choix compliqués pour l’adversaire, un adversaire échaudé par un début tranquille qui a dégénéré. Et quand le calme revient, que l’on peut enfin souffler, les pièces qui restent sont mieux placées côté Thomas et sa structure est meilleure. La nature du jeu de Thomas fait sans doute sous-estimer son endurance et masque sa détermination.
– Jean-Yves au 4, qui s’en va bientôt au championnat du monde de chess-boxing, a en face de lui quelqu’un de très redoutable, très expérimenté, difficile à jouer. Jean-Yves s’en sort merveilleusement avec les noirs, prenant le jeu à son compte (même si l’ordinateur lève le doigt là pour dire quelque chose), puis une erreur et la nulle se profile…mais l’adversaire tombe.
– il ne faut pas avoir raté le début de la partie d’Arthur au 7 car on ne comprend pas ce qu’il s’est passé : des pièces ne sont pas développées, il y a une tour de moins pour les blancs, et leur roi (Arthur) est en face du roi adverse alors qu’il y a encore du barouf. Les noirs doivent rendre la Tour puis rapidement tout rendre, et les armes. Le pion h7 est un monstre.
– Christophe au 6 est le premier à gagner face à un adversaire peut-être déstabilisé par le traitement sans égards qui est réservé à son ouverture originale ( 1. e4 e5 2. g3)
Clichy était plus fort devant, Le Vésinet plus fort derrière. Victoire 6-2
Christophe n’a pas besoin de signer. Le style est sa signature. Bravo à l’équipe, la saison démarre bien!