N1 Le Vésinet – Gonfreville l’Orcher : 5-0

La composition des différentes équipes du Vésinet ce dimanche a été difficile. Les défections sont arrivées en vagues successives, déferlant sur les capitaines, leur faisant boire la tasse.
« Dans la famille joueur d’échecs, je demande le fils » : à l’initiative de Florian, nous décidons de puiser dans l’effectif de l’Ecole d’échecs : bonne pioche! Les jeunes sont enthousiastes à l’idée d’essayer sur des adultes leur talent tout neuf.
En terme de résultats, ils n’auront pas été récompensés et c’est une des raisons pour lesquelles ce dimanche aura un goût légèrement amer.

C’est une N1 cabossée à l’arrière qui s’en va affronter la forte équipe de Gonfreville sur ses terres. Même restaurant proche du lieu de jeu où l’on déjeunera en même temps que nos adversaires, comme lors d’une coupe de France il y a quelques années.
A table, le silence s’installe rapidement car le menu est complexe. Ce sont des possibilités à tiroirs où tout est possible mais soumis à un régime de conditions compliqué, quoique souple. Des renvois en bas de page viennent remettre en question des choix de plats tentants. L’intérêt pour le buffet va croissant car aucun astérisque ne rôde autour. Nous nous étirons le cou discrètement pour voir ce qu’ont bien pu commander les titrés à la table à côté. Ca a l’air bon mais c’est peut-être de l’intox.

Le stade où nous avions joué a été rasé (à vérifier tout de même) et à la place un complexe échecs/judo a été érigé. Il est à faire pâlir Avoine. Petit avantage au pétrole sur l’atome.

Dans le bâtiment, des halls succèdent à des entrées. Les conditions de jeu sont épatantes. Les jeux, le bar, la salle d’analyse, tout. En s’asseyant on cherche machinalement le changement de vitesse tellement les sièges sont seyants, confortables.

Ce qui est moins drôle c’est l’équipe de Gonfreville.
A toute chose malheur est bon : si nous avions été au complet, on aurait pu rêver un peu. Là, nous ne nous mettons aucune pression.

Le Vésinet – Gonfreville
1N Julien Laurent 2314 – Guillaume Vallin 2426 MI : 0.5
2B Stephen Jessel 2298 – Igor Raussis 2497 GMI : 1-0
3N Pascal Deslandes 2261 – Hervé Lefebvre 2258 : 1-0
4B Jean-Jacques Rabeyrin 2202 – Arnaud Payen 2341 MI : 0.5
5N Philippe Glod 2159 – Cyrille Veaugeois : 2140 : 0.5
6B Christophe Imbert 2084 – Michael Jeanne 2188 : 1-0
7N Adeline Chaumont 2028 – Christophe Herrou 2084 : 1-0
8B Etienne Imbert 1984 – Annabelle Turqueville 1696 : 1-0

    Avec les noirs, Julien, nouvellement arrivé au Vésinet, montre d’emblée sa solidité et son potentiel. Son adversaire refuse la Benoni avec laquelle pourtant Julien n’a pas spécialement de bons résultats mais qu’il utilise et qu’il connaît parfaitement. Quand les noirs renoncent à d5 il s’ensuit une petite pression. Une fois le problème résolu, c’est symétrique et c’est nulle.

    Stephen fait la partie de la journée. Une Réti avec les blancs. Les choses évoluent lentement et la crise va avoir lieu à l’Ouest , à l’aile Dame. Stephen prend son temps. Au 20ème coup il est déjà en zeitnot. Au 40ème le GMI fait une imprécision qu’il fait rapidement suivre par une proposition de nulle. Le décompte du match à ce moment donne 4-0 pour nous (!) et une nulle. La victoire étant acquise, Stephen a carte blanche. Il joue alors d5, un pseudo sacrifice de pion, qui va s’avérer d’une extraordinaire complexité. « On va jouer à celui qui a vu le plus loin » semble dire le GMI qui accepte le défi …. et va perdre une pièce nette après une passe d’arme mémorable. Après cela, il va tout faire pour embrouiller celui dont le nom sioux pourrait être « le-petit-jeune-qui-joue-en-30-secondes ». Stephen est dans ce rythme depuis 40 coups et réfute tout, imperturbablement, un oeil rivé à l’horloge. Quand il prend le pion c3, le GMI baisse enfin pavillon. La partie a duré 6 heures (voir partie n° 27 dans « Parties analysées .. ou pas »).

    Pascal dans sa Française, un peu comme d’habitude, va attendre patiemment que les blancs enveniment les choses et s’énervent. En général en effet, comme ici, ça ne passe pas pour les blancs. Un pseudo sacrifice de pièce en e6 va ouvrir le jeu, mais en faveur du joueur du Vésinet. Peu après, une grosse faute des blancs met un terme à la partie. Cela fait 3-0 dans un match qui a décidément l’idée saugrenue de tourner en notre faveur.

    Jean-Jacques, le second nouveau joueur de N1 du Vésinet, démontre dans une Italienne avec d3 qu’il faudra faire plus qu’avoir une bonne position contre lui pour le passer. Le MI avec les noirs ne se décide pas à prendre les risques qui lui auraient permis de mettre définitivement hors de position notre joueur. La partie va durer ainsi et les noirs vont se refaire une santé et atteindre la nulle.

    Philippe dans une 4 cavaliers joue Fb4. Il va prendre son temps pour éviter aux fous blancs de se réveiller. Au moment opportun, il accentue la pression à l’aile roi. Mais c’est l’aile Dame qui est faible avec les pions c doublés. Et c’est là, « au défaut de l’épaule » comme dirait Sylvain Zinser, qu’il doit prendre l’avantage. Il ne joue pas la suite correcte et c’est nulle.

    Christophe avec les blancs est dans une française Winaver (Fxc3). Sa dame en g4 va freiner le développement des noirs. En pratique, il est connu que ceux-ci s’en accommodent très bien. Ils font le grand-roque et vont placer un cavalier en c4. Seulement ils font faire une suite d’erreurs. Le fou noir des blancs va être actif en d6 et les tours blanches braquées n’attendent qu’une occasion. La libération de la case c4 va permettre une poussée de pion, l’ouverture du jeu, et une mise à nu de tous les défauts de la position noire. Victoire des blancs qui porte le score à 2-0 en faveur du club des Yvelines.

    Adeline dans une Caro-Kann d’avance va garder un pion qui n’était donné qu’à titre provisoire par les blancs. Pendant que ceux-ci s’affairent à l’aile dame pour le récupérer, Adeline introduit sa dame à l’aile roi. Les blancs, imprudemment, n’arrêtent pas la contagion qui va gagner toute la position. Victoire au combien précieuse qui est la 1ère du match.

    Etienne est d’un naturel prudent. Avec les blancs dans ce gambit dame il va tenter de profiter de toute imprécision adverse. Ch4 attaquant le Ff5 marque le début de sa mainmise sur la partie. L’avantage grossit face à une jeune joueuse qui s’efforce de repousser désespérément le moment où elle fera une grosse faute. Etienne limite son avantage à deux pions, suffisant pour gagner avec le risque 0. A ce moment ça fait 4-0 pour nous et comme Julien a fait nulle, ce gain d’Etienne sonne la victoire pour le Vésinet!

5-0 pour le Vésinet!
Un incroyable score en faveur d’une équipe qui ne cherchait pas à faire tant de mal au sympathique club de Gonfreville.

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