Un final en apothéose.
Pour notre dernier match, nous n’étions pas particulièrement inquiet : nous devions nous déplacer à Jouy-le-Moutier, pour affronter les derniers au classement, sans autre enjeu que celui de réaliser, pour le panache, le grand chelem dans notre groupe.
Pour Marc, notre valeureux capitaine, la seule difficulté dans la composition de l’équipe avait été d’avoir à choisir entre Hervé et Pierre, chacun se déclarant sans réserve :
1) disponible pour jouer,
2) prêt à céder la priorité à l’autre si celui-ci le souhaitait,
3) déterminé à venir fut-ce comme simple spectateur pour assister à cette dernière ronde.
Un vrai bonheur que d’évoluer dans une équipe aussi soudée et amicale où il n’y a ni rivalité, ni querelle de préséance, ni défections de dernière minute, mais au contraire, toujours une solution de réserve !!!
C’est finalement Pierre qui a été retenu, et donc Hervé qui viendra tout de même nous soutenir en toute amitié pour cette rencontre à Jouy-le-Moutier.
Jouy-le-Moutier, c’est une charmante petite bourgade champêtre du Val d’Oise, lovée dans un méandre de l’Oise à la lisière des Yvelines et de Conflans-Ste-Honorine. Quand on s’y rend, on se demande si certains n’ont pas pris au mot Alphonse Allais qui parlait de « faire les villes à la campagne ».
D’ailleurs, je ne résiste pas au plaisir de vous retranscrire la description de son blason :
- En un, parti dextre, d’azur,
A l’église d’or et de sable
Sur la terrasse isolée de Sinople.
En deux, parti senestre,
De gueules au beffroi d’argent et de sable
Sur la terrasse isolée de Sinople.
En chef, la grappe d’or, brochante.
A la champagne, les ondes d’argent,
Mouvantes sur la plaine d’azur.
Et brochant sur le tout,
L’arbre de Sinople au tronc d’or. Tilleul.
Jouy-le-Moutier, c’est aussi un petit club d’échecs plutôt difficile à trouver – demandez donc à Marc Logié qui a tournicoté pendant près d’une demi-heure -, où, quand on se pointe au grand complet à 14h00 précises, horaire prévu pour la remise des feuilles de matches, on trouve encore portes closes et pas un chat.
On patiente, vaguement inquiets, en espérant que nos adversaires n’auront pas décrété en dernière minute un forfait général ou une modification du lieu de la rencontre.
14h05 : Un joueur de l’équipe adverse arrive, lui-même surpris d’être le premier, ce qui nous rassure quant à la tenue du match, mais ce qui ne nous permet toujours pas de rentrer à l’intérieur puisqu’il ne dispose pas des clés !
14h10 : Enfin le capitaine de Jouy arrive, et ouvre le local, bientôt rejoint au compte-goutte par ses coéquipiers.
14h25 : le match peut enfin commencer avec « seulement » 10 minutes de retard … je sais, je suis un peu pointilleux sur le chapitre des horaires, mais je considère qu’il est du devoir du Club « accueillant » de s’organiser pour être en mesure de commencer à l’heure, quitte à se montrer conciliant envers le Club visiteur si ce dernier à un peu de retard. C’est une question de correction envers ceux qui se sont déplacés – et qui auront encore du chemin à faire pour rentrer – de ne pas les faire attendre …
Pour ce match décisif où Jouy jouait sa survie en Nationale 4, nous nous attendions à les voir aligner leur meilleure équipe possible : 7 joueurs à plus de 1900 dont deux à 2050 selon le site de la FFE.
Hélas, un 2051 au premier échiquier, un 1930 au deuxième, … et leur 3ème meilleur Elo de ce jour – seulement un 1600 – au 3ème échiquier.
Cette composition un peu laborieuse (fin de saison ?, démotivation ?, 1ers beaux jours ? …) reflète tout le drame de Jouy-le Moutier qui, avec seulement 22 joueurs est trop fort pour végéter en Nationale 5 (où il ne faut aligner que six joueurs par ronde), mais assurément un peu ric-rac pour évoluer sereinement en N4.
Autant dire, ainsi qu’en témoigne le résultat final, qu’il n’y eu guère de match (et qu’il n’y aura donc pas de compte-rendu des parties), si ce n’est sur les deux premiers échiquiers, les plus équilibrés sur le papier, où les parties ont été les plus acharnées et se sont terminées les plus tardivement.
JOUY LE MOUTIER – LE VESINET : 0 – 8
VIGNERON Antoine 2051 – HARRISON Marc 2093 : 0 – 1
BOURRE Thierry 1930 – DIVIES Renaud 2092 : 0 – 1
PIERRE Dominique 1600 – BORTOT Olivier 2040 : 0 – 1
VAN DE GRAAF Dirk 1599 – LOGIE Marc 2036 : 0 – 1
SACHET Jacques 1499 – SIMON Laurent 2018 : 0 – 1
THEBAULT Jeremy 1499 – DARDENNE Bertrand 1990 : 0 – 1
TAICLET Thomas 1450 – LIOU Pierre 1948 : 0 – 1
ZODROS Denis 1380 – SAGLIER Paul 1908 : 0 – 1
Merci et Bravo quand même :
– à Olivier, le premier à remporter sa partie, et qui réalise ainsi un score quasi-parfait de 6,5/7 en N4 !
– à Paul, qui ne s’est pas laissé déstabilisé par les pitreries et l’exubérance un peu tapageuse de son adversaire et signe ainsi un splendide 100% cette saison.
– à Marc H qui, en battant un adversaire classé à 2051 signe la seule réellement bonne performance individuelle de cette ronde et met fin à une série de résultats en demi-teinte.
– à Renaud qui a le courage de sacrifier une pièce pour rentrer dans une finale digne d’une étude (pions isolés contre Fou) et qui, malgré quelques imprécisions de part et d’autre, remportera la partie la plus spectaculaire de cette ronde.
– à Marc L, à Laurent et à Bertrand qui, une fois de plus, ont fait leur boulot avec sérieux et concentration, sans jamais laisser la moindre chance à leurs – modestes – adversaires du jour,
– à moi-même, pour ma constance à jouer (mal) avec les Noirs des ouvertures pourries qui me valent des déconvenues et des sueurs froides, même si je m’en sors plutôt bien sur ce coup-là grâce à deux erreurs stratégiques de mon adversaire ponctuées par une énorme gaffe,
– à Hervé, pour sa disponibilité tout au long de cette saison, et pour son amitié et sa solidarité avec toute l’équipe comme en témoigne son déplacement de ce jour en tant que simple spectateur,
– et à tous ceux qui ont joué dans notre N4 cette saison, même s’il n’étaient pas présents aujourd’hui : Patrick, Ratko, Eric, Etienne et Philippe.
C’est donc « haut la main » que nous terminons premiers de notre groupe avec le score parfait de 21 points et 4 points d’avance (!) sur un Rambouillet en roue libre qui a perdu (3-2) son deuxième match de la saison après avoir aligné une bien faible équipe contre le Club 608, lequel, au contraire, a sorti sa meilleur équipe de toute la saison pour assurer son maintien. Bravo donc au Club 608, même si on pourrait reprocher à Rambouillet de n’avoir pas pris très au sérieux cette dernière ronde, ce qui, heureusement, ne modifie en rien le classement final pour la montée comme pour la relégation : même en cas de défaite, le Club 608 aurait bénéficié d’un départage particulier favorable vis-à-vis de Jouy-le-Moutier.
Cette dernière ronde a été celle de toute les surprises, puisque Mantes est allé chercher une belle victoire à Enghien (également sur le score de 3-2), tandis que Courbevoie s’inclinait logiquement (4-2) contre une équipe de Neuilly qui peut avoir bien des regrets sur saison car elle termine à la 2ème place au départage général … mais à la 3ème au départage particulier avec Rambouillet.
Si Jouy termine dernier avec 10 points et est donc condamné à la relégation sauf repêchage, on notera avec curiosité la présence d’Enghien et de Courbevoie aux 6ème et 7ème place avec seulement 11 points chacun. Enghien avait pourtant fait un départ tonitruant avec 2 victoires d’entrée … suivies de 5 défaites d’affilée ; et Courbevoie nous avait fait bien souffrir.
A la faveur de sa victoire lors de la dernière ronde et qui vient récompenser sa combativité, le Club 608 décroche une bonne 5ème place avec 12 points, à 1 point de Mantes (13 points) qui obtient une superbe 4ème place que sa cinglante défaite initiale contre nous lors de la première ronde (7-0) ne laissait guère présager.
Si la présence de Neuilly à la 3ème place avec 17 points (qui paye là son match calamiteux contre Rambouillet) est un peu décevante compte tenu de leur potentiel, en revanche, la deuxième place – synonyme de montée en N3 – de Rambouillet avec une équipe homogène mais pas exceptionnellement forte (17 points également), est une surprise et une performance remarquable. Bravo à eux !!! … en espérant les retrouver l’année prochaine dans notre poule de N3 (avec l’espoir secret de réaliser contre eux le même résultat que cette année).
En remerciant à nouveau chaleureusement toux ceux qui nous ont accompagné lors de cette belle aventure.
Pierre LIOU