Sur la route d'Herblay

Après Franconville, c’est le tournoi d’Herblay qui, à la Pentecôte, est une étape obligée des joueurs de semi-rapides de notre région.

Ce dimanche matin, je me méfie pour le trajet car le souvenir des errements de franconville est vivace. Il y avait eu des pertes d’itinéraires suivies de paniques enfantines. Tout cela fait désormais partie du passé. Le jeu d’échecs, c’est structurant. Cela veut dire aussi qu’on progresse sans cesse dans la vie grâce à ce jeu extraordinaire. C’est dans cet état d’esprit positif que la portière claque et que la voiture s’ébranle. En route pour Herblay!

J’ai prévu de la marge au cas où. Deux heures de marge. Ca devrait suffire pour 15 km. Rapidement, sous l’œil extrêmement vigilant du conducteur, les routes des Yvelines défilent sous la voiture. France-info se taît, on y a veillé. Alors Sartrouville est atteint sans problèmes, et quand un panneau annonçant Cormeilles est franchi, le cœur bat un peu. On le calme d’un coup de chimie organique histoire de bien montrer qui est le maître. Très étonnant le corps humain. Toutes ces glandes prêtes à être sollicitées.

J’avance. Ils ont fait un grand-rond point par ici, ils ont les moyens, il est magnifique. Au sommet d’une grande avenue trône un château, au delà d’un pont. J’ai entendu dire qu’un japonais avait fait une exacte version du château de Maisons-Lafitte dans son jardin. En haut de cette grande allée macadamisée , il y en a un aussi. Un riche habitant de Cormeilles a eu la même idée.

Et puis j’ai un doute. Un coup de grizou me traverse. C’est le pont de la 2ème DB et puis cette pente douce qui mène au château c’est la nationale qui va de Paris à Maisons-lafitte. J’ai fait demi-tour sans m’en apercevoir. Avec ces histoires de cœur, je me suis déconcentré. Je m’énerve. Je me calme d’un coup de chimie bien placé. Je décide de ne pas demander mon chemin à cause de mon immatriculation 78. J’ai pris une boussole dont l’aiguille reste immobile malgré mes tours complets du rond-point. Je prends à droite. Le château disparaît. La Seine doit être à gauche, c’est mathématique. Il suffit de la retrouver, c’est pas sorcier. Mais elle se cache. Je suis déboussolé. Je vais dans un café PMU où personne ne me connaît. Mais en y entrant, je le reconnais de l’année dernière. Sans ralentir pour ne pas éveiller les soupçons, je continue. Je dois être un peu rouge car un marchand de poisson m’observe. Pour conserver le peu de naturel qui me reste je stoppe devant son étal et fais semblant de choisir, moi qui ai horreur du poisson. Je prends un « capitaine » du nom de l’organisateur du tournoi, Gérard Lecapitaine. Je remonte dans ma voiture avec mon poisson. Je n’ai plus de quoi payer mon inscription. Je roule. Il faut faire quelque chose.

Je redoute de voir apparaître la silhouette du château. Je cherche de la pente qui pourrait indiquer le sens où aller. Quelle odeur épouvantable! Je vais être malade. Dès que j’atteins la Seine, je rejèterai ce poisson à l’eau. C’est drôle la mémoire car tout à coup je me rappelle qu’il ne faut pas essayer de rejoindre la Seine dans un premier temps, mais au contraire remonter vers les hauts de Cormeilles pour ensuite repiquer vers l’eau. Encore Cormeilles Je devrais déjà être aux alentours de l’usine marée-motrice de la Frette et je suis encore là! Mon cœur en remet un petit coup mais je me calme tout en restant concentré, ce qui prend un peu de temps.

Oui! le carrefour! et là seulement redescendre. Ca y est la route aux nids de poule prend ici. Maintenant c’est tout droit le long de la Seine. Et voilà, le tour est joué. Il faut déjouer les derniers pièges en résistant à la tentation de se hisser trop vite sur la falaise où niche Herblay. Il faut tourner seulement lorsqu’on voit le 2ème panneau « gare d’Herblay », le 1er étant un piège. Le gymnase est en face de la gare. Magique, ça y est.

Mais horreur…Le gymnase est vide, abandonné. Ce n’est pas là qu’on joue.! Je nous fais grâce du reste.

Sachons simplement que je suis arrivé à temps pour la 1ère ronde grâce à la gentillesse des organisateurs qui savaient que le vainqueur de l’édition précédente allait venir et qui m’attendaient pour les appariements.

Pour le tournoi lui-même (!) , j’ai terminé 1er, 2eme Esnault, 3 ème Philippe, 4ème Lebrun. 50 joueurs. Arbitre (M. Colin) venu de l’herault par fidélité pour l’arbitrer!

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