Double match en N2 le week-end du 13 et 14 décembre
Le Vésinet rencontre Clichy. Clichy! Un nom qui sonne pour un joueur d’Echecs comme « Requin » pour un petit poisson.
Nous jouons à la maison des associations, lieu historique de Clichy. Grandement rénové, les locaux sont méconnaissables pour ceux qui les ont connu naguère. Les conditions de jeu très bonnes. Le Vésinet ne part pas favori et pourtant Clichy a perdu ses deux 1ers matchs. Ses vainqueurs ont tout de prétendants du groupe, c’est ce qu’il y a lieu de penser comme on dit dans les bureaux où des chefs entrent et sortent sans cesse. Le Vésinet a gagné deux fois mais il y a belle lurette que nous n’avons pas gagné contre Clichy. L’hypermnésique Laurent pourrait nous dire à quand remonte notre dernière victoire. Il n’a rien dit : elle ne doit tout bonnement pas exister.
Sur le plan du Elo, Le Vésinet a fière allure mais est un peu plus faible que son adversaire : en moyenne, 8 points par échiquier.
- Pascal au 1 avec les blancs surprend son adversaire par son jeu franc. L’expérience du jeune MI qui lui est opposé est forte car, vu de l’extérieur, il repousse par sa seule pensée (Kibitz Induction thought) les pièces ennemies qui rodent près de son roi. Et de fait l’attaque de Pascal, au lieu de continuer, reflue. Il perd même un pion. Après, il faut tout son aptitude en finale pour arriver à tenir. Le bon bout sera une nulle à la grande surprise du titré. Une nulle gérée en défense par une série de pointes au rang desquelles le pat, la fourchette, la nulle théorique avec un pion de moins. Avec la partie suivante ce sera la plus longue du match
Stephen joue contre un jeune Malgache classé 2255. Aucun journaliste n’est là pour immortaliser ce choc entre ce jeune que certains qualifient de prodige et le champion de France junior 2006. Seuls, deux jeunes venus pour une autre activité, un peu égarés, passent un petit moment dans la salle avec leurs patinettes. Le développement blanc, tectonic, de Stephen laisse les jeunes de marbre. Grâce à un Fh6 adverse surprenant, Stephen prend l’ascendant sur cases noires. Mais la simplification qui généralement suit est imparfaite. La finale de Dames s’achève par la nulle après bien des essais sous la menace du temps.
Ces deux longues parties seront les seules rescapées. On voit bien la difficulté du match
- Etienne dans une Slave avec les noirs succombe à une attaque directe, quelque peu subite. Les Echecs sont un jeu tactique et une erreur de calcul ou une inattention provoque un enchaînement fatal (fatal kibitz entairtement’s) aussi irrattrapable que la chute du skieur sur une piste glacée. On verra la même chose le lendemain avec la partie de Renaud
C’est l’inverse qui se passe à l’échiquier 4. Jean-Jacques pas très à l’aise arrive pourtant à porter le danger sur le roque adverse. Celui-ci s’affaiblit encore et il ne reste qu’à parachever l’affaire par Dg5. Mais Jean-Jacques joue le coup de trop qui permet au fou de cases blanches ennemi de venir en défense de façon inespérée. L’attaque passée, Jean-Jacques est en déficit de matériel. Le jeune joueur de Clichy ne laisse alors aucune chance à son adversaire
Les défaites se succèdent. C’est la cata glisse Jean-Jacques au Capitaine qui ne joue pas et qui commence à se demander s’il n’y aurait pas une église pas loin.
- Laurent avec les noirs doit bloquer le centre face à la menace d4. Mais il doit faire suivre cela par d5 pour égaliser le jeu et lutter d’égal à égal. Il est détourné de ce projet par un mouvement à droite. Le jeu se détourne à l’aile Dame. Quand il joue d5, il est trop tard. Un pion passé blanc grossit alors que Laurent perd le sien. Défaite.
Adeline au 6 joue face à un adversaire expérimenté déjà très fort quand c’était dur de l’être *. Le jeu blanc d’Adeline est contrarié et son développement ne se terminera jamais vraiment. Retard d’abord, puis impossibilité ensuite Son expansion blanche à l’aile Dame explique cela.. De temps en temps les noirs poussent les pions au centre où est immobile le roi adverse. De plus les noirs surveillent les sacrifices ennemis qui pourraient dénouer l’étau. La situation est bientôt insupportable pour les blancs qui abandonnent.
*Une phrase sybilline qui mériterait d’être explicitée – ndtr
- Le match a une sale tête. La partie de Renaud n’apportera pas le 1er point. Ce n’est pas faute pourtant d’avoir été entreprenant. Il n’arrivera pas avec les noirs à désorganiser le jeu blanc malgré son gambit et des pseudos sacrifices de pions de type Benko visant à affaiblir d4. Le roi blanc au centre tient. La finale ne laissera pas sa chance au joueur du Vésinet
Au dernier Eric domine avec les blancs une position ouverte avec des niches à l’aile Dame où il se passe des choses. Le fou noir de cases blanches importune les blancs qui ne savent quelle force lui consacrer pour régler son cas. En effet, les blancs ont beaucoup de choses pour eux. Trop peut-être : une paire de fous avec de grandes diagonales, la colonne G, le roi adverse affaibli. Dans ce contexte favorable, un cavalier blanc se retrouve isolé puis pris. Victoire noire.
Une rude secousse pour les joueurs du Vésinet et un score sévère
Le Vésinet – Clichy : 0-6
X – X f DESLANDES Pascal 2281 – m MULLON Jean-Baptiste 2408
X – X f JESSEL Stephen 2334 – f RAKOTOMAHARO Fy Antenaina 2255
0 – 1 ADAM Etienne 2200 – MAATOUG Redwan 2225
0 – 1 f RABEYRIN Jean-Jacques 2193 – PHILIPPE Guillaume 2201
0 – 1 LARGE Laurent 2207 – ANE Cedric 2170
0 – 1 CHAUMONT Adeline 2023 – KELLER Christophe 2155
0 – 1 DIVIES Renaud 2087 – ROUBERT Emile 2060
0 – 1 CHEYMOL Eric 2087 – EID Maha 2004
Le lendemain, place à la Maison du Combattant. Le Vésinet accueille Savigny le Temple.
Le match sera longtemps indécis. Des indices comme les victoires rapides aux échiquiers 7 et 8 laissent supposer que la victoire sera au bout, mais au milieu de l’après-midi, on se prend à douter : il y a un GMI au 1, Renaud a perdu, on ne se fait aucun cadeau dans la partie de Jean-Jacques et Laurent, seul, sait où il va avec sa position biscornue
- Pascal joue contre le GMI Spiridonov. Nikolaï Spiridonov, le mythique joueur Bulgare. Que dire de l’effet que cela fait d’être dans la même salle que lui. On espère que nos grands tableaux suspendus ne célèbrent rien de douteux pour lui. Sa présence est splendide. Son charisme est intact. Son autorité est impressionnante. Qu’il gagne ou pas , son impact sur l’équipe qu’il défend est probablement prodigieux à l’instar de Radulov quand ce dernier jouait pour le Vésinet. Il doit s’en passer des choses dans la tête de Pascal : « bien jouer », « ne pas se laisser influencer », « pas de gaffes », « ai-je le droit de jouer ça contre un GMI ? », « s’il me regarde je meurs ». Finalement Pascal va gagner cette Alekhine sur une interversion de coups de son adversaire. Nulle réjouissance pour Pascal, qui était presque désolé.
Dans la partie de Stephen, une Ouest-Indienne, le contact des pièces aura lieu au 12eme coup. L’adversaire qui a les blancs est très prudent, précautionneux. Son coup Rf1 peut entrer dans ce cadre dans un 1er temps : ne pas donner d’adresse et se faire oublier. Stephen attend son heure. Il utilisera son fou de cases blanches pour menacer à la fois c4 et contrôler les intrusions à l’aile roi. Ca s’ouvrira petit à petit des deux côtés en faveur des noirs et les blancs ne pourront tout parer.
Au 3 avec les blancs Jean-Jacques produit peut-être la plus belle partie, à égalité avec la fin de partie de Laurent. C’est une Pirc dans laquelle les blancs n’obtiennent rien. Ce n’est pas ça qui est beau. Le roi noir va rester au Centre et cette situation va être exploitée par Jean-Jacques par f5, une attaque au centre qui va déclencher le vrai départ. Le point crucial c’est la course à la promotion du pion « a » pour les blancs et « f » pour les noirs. Grande précision de Jean-Jacques et la victoire au bout
- Une partie difficile pour Etienne dans une Bird formation stonewall avec les noirs. Son adversaire doit rattraper 45 mn de handicap dû a un pneu crevé. Il le fait vite et bien car Etienne n’obtient pas grand chose. Beaucoup de pions de chaque côté en finale de tours. La plus longue partie et une nulle au bout du chemin qui récompense la solidité du joueur adverse.
Laurent joue un système de Londres où le Cf6 aurait laissé passer le pion f5 d’abord. La partie attire l’œil quand se joue la prise en b6. Les noirs ont beaucoup de choix. Ils semblent prendre le bon, celui d’enterrer le fou de cases noires des blancs. Ceux-ci ont laissé tout faire pour placer un pion en b7. Quand c’est fait, il vont parer, réorganiser, redresser et finalement repartir exploiter la force de ce pion. Les noirs comptent sur une dernière ressource qui ne fonctionnera pas. Très beau final qui mérite un diagramme
Large – Bitbol-Delaveyne
19. axb6
La ressource 37..e2
38.Dd8
- Une Alapin pour Renaud qui a les noirs. Les blancs vont réagir brutalement au 9.f5 de Renaud par g4. Au coup suivant ils sacrifient en h7 et les menaces déferlent sur le roi noir . Renaud va s’en sortir mais devra rendre la pièce puis en donner une. La finale est perdue. C’est là que le doute va étreindre les spectateurs sur le sort du match malgré les deux victoires rapides aux échquiers 7 et 8.
Adeline dans une Slave avec les blancs va avoir peu de frayeur. Malgré le petit Elo adverse elle va jouer avec son sérieux habituel. La pression a l’aile Dame va lui rapporter une pièce et la victoire peu après.
Eric va gagner avec les noirs. Une Petrov contre laquelle ne pourra lutter bien longtemps la jeune adversaire.
Le Vésinet – Savigny le Temple : 6-1
1 – 0 f DESLANDES Pascal 2281 – g SPIRIDONOV Nikola 2193
1 – 0 f JESSEL Stephen 2334 – CHARMEAUX Philippe 2039
1 – 0 f RABEYRIN Jean-Jacques – 2193 GAILLIEGUE Florian 2067
X – X ADAM Etienne 2200 – BICHON Xavier 1739
1 – 0 LARGE Laurent 2207 – BITBOL-DELAVEYNE Maelan 1813
0 – 1 DIVIES Renaud 2087 – RIAILLE Fabien 1775
1 – 0 CHAUMONT Adeline 2023 – GAILLIEGUE Olivier 1392
1 – 0 CHEYMOL Eric 2087 – BENHAMRI Rhita 1099