Ca y est!
Ca avait commencé en Nationale 1. Stephen avait raflé lors de la saison sa première norme de maître international.
L’an dernier, il y avait eu Metz.
Cette année, il y avait un tournoi fermé auquel le plus Irlandais des Vésigondains était convié. Pays ami du pari sportif, les cotes en faveur de Stephen n’étaient pas merveilleuses. Un assez mauvais début de saison ne laissait pas espérer grand’chose. Sauf que lors des dernières rondes de N1, malgré un assez mauvais score total, il y avait eu une grosse nulle contre Benjamin Gledura, jeune MI futur GM hongrois (l’un des joueurs qui est maintenant connu pour avoir « mangé sur la bête », c’est à dire battu Anand à Gibraltar 2016) et une grosse domination d’un certain Vladimir Malakhov, joueur d’échecs et physicien nucléaire, parfois considéré comme un « amateur » du jeu, dont le meilleur elo s’est trouvé à 2732. Des signes encourageants.
Ils étaient dix, et il fallait faire 6.5/9 pour obtenir la norme. Départ énorme, Stephen est dedans. 3/3. A la 4, c’est Ninov. Ce sera une nulle dans une partie ou le GM bulgare, avec les blancs, aura eu chaud.
A la 5, Stephen tombe sur un joueur avec du répondant. C’est à ma connaissance la seule partie jusque-là où Stephen n’obtient rien. Il n’est jamais plus mal bien sûr, mais les noirs sont en mode Kramnik des années Petrov et ne perdront pas.
La 6, climax. Iglesias joue au mat, vite et bien. Stephen ne sait pas sur quel pied danser. Pour rappel, ce tournoi se joue sur 5 jours, avec 2 parties par jour, sauf le dernier jour. 1h30+30secondes KO, c’est tout. Il faut tenir le rythme! Premier coup de canif dans le zodiaque. Stephen perd.
A ce stade, il a 4/6. Pour décrocher la norme, il va falloir faire 2.5/3.
Ronde 7, Stephen joue Micottis. Mentalement, il fallait avoir digéré la défaite de la veille. On imagine la complexité de la tâche(on a finalement le droit de garder les accents circonflexes). Avec les blancs, aucune pitié. Une démolition en règle de son jeune adversaire. Dans les tribunes, on sent que tout devient possible.
Ronde 8, avec les noirs, Stephen domine les débats. Son adversaire du jour est extrêmement tenace. L’analyse révélera un gain que Stephen n’avait ni de près ni de loin envisagé. Pas vraiment de regret, mais il faudra gagner le lendemain, avec les blancs, contre un adversaire près de 2400 elo.
Ronde 9, où le Dublinois dublina.
On dit des irlandais qu’ils ont un fameux fighting spirit. Stephen a les blancs avec obligation de gagner pour la norme. Evidemment même s’il fait nulle, il réalisera quand même un bon tournoi, terminera vraisemblablement bon second, etc etc. Mais la norme!
Ceux qui connaissaient Stephen en pull à zip, jean et basket, ont eu un choc, ce matin, à dix heures. En tenue commando, arme de poing et couteau, Stephen est parti à l’abordage avec les blancs.
Au vingtième coup, ça devait être plié. S’en est suivi une inénarrable partie d’échecs, qui s’était mise sur son 31 elle aussi. Sûrement pas la plus « correcte » du tournoi, mais la plus intense. Stockfish a été amené en réanimation plus d’une fois, et son état ne s’est toujours pas stabilisé. Les noirs ont trouvé des ressources tout bonnement dingues, et plus d’une fois. Le sang froid de Stephen s’est plus d’une fois retrouvé à la température « idéale » de la Guinness. Ironie et morale de l’histoire, notre joueur, habitué des zeitnots les plus incroyables, gagne au temps une partie qui était gagnée.
6.5/9, 2477 de perf, par ici la norme!
Come On You Boy In Green, you’ve done it! Un superbe résultat qui vient couronner un tournoi de grande qualité, dans lequel Stephen aura joué des très forts échecs. Cette troisième norme vient achève presque le contrat à remplir pour être MI. Maintenant, il faut atteindre 2400. Ca va venir! Patron, des Guinness pour tout le monde!
Quelques parties, dont la dernière, décisive de Stephen
Quelques photos
La grille de résultats