Sans les renforts d’Eric ni de Ratko, privée de Marc Harrison – son valeureux capitaine et premier échiquier habituel – notre équipe pouvait paraître un peu pâlichonne par rapport à celle qui avait affronté Neuilly lors de la ronde précédente. Ceci étant, on peut difficilement parler d’équipe amoindrie quand on est capable d’aligner cinq joueurs à plus de 2000 et trois 1900 bien dodus derrière : bien des clubs de France et de Navarre baveraient d’envie à l’idée de pouvoir aligner une N4 d’un tel niveau.
En face, nous nous attendions à recevoir une solide équipe d’Enghien : compacte, accrocheuse et pugnace, sans ELO monstrueux devant mais sans faille non plus derrière, et avec des joueurs jouant souvent bien mieux que leur classement officiel comme en témoigne la belle deuxième place au classement général qu’ils occupaient avant ce match.
Et de fait, c’est une composition grosso modo conforme à nos prévisions qui s’est présentée : une équipe consciente de la supériorité théorique du Vésinet, mais bien décidée à ne pas jouer les victimes sacrificielles sans opposer une farouche résistance.
1B Divies Renaud – Smati Reda : 1-0
2N Simon Laurent – Bellaiche Laurent : 0-1
3B Logie Marc – Duvicq Arnaud : 1-0
4N Bortot Olivier – Cuartero Philippe : 0.5
5B Dardenne Bertrand : Maxime Philippe : 0-1
6N Imbert Etienne – Fosse Cédric : 1-0
7B Delalande Hervé – Bouthors Luc : 1-0
8N Liou Pierre – Shoulika Serge : 1-0
Et la résistance fut opiniâtre : pas de partie éclair ni d’avantage concédé d’entrée de jeu si ce n’est au dernier échiquier où, face à mon ouverture rampante avec les Noirs, mon adversaire joue négligemment et se retrouve contraint à l’alternative suivante : sacrifier un Fou contre deux pions et tenter de garder une certaine activité ou perdre sans compensation son pion d4 et contempler avec désolation le champ de ruines qu’est devenu son beau et puissant centre de pions dont il était si fier.
C’est Hervé, en grande forme actuellement, qui ouvre le bal après une longue réflexion, en plantant un superbe et profond sacrifice de Fou sur le Petit Roque de son adversaire médusé. Un sacrifice, c’est bien, mais deux sacrifices, c’est encore mieux, et la pointe de la combinaison apparaît pleinement lorsque Hervé sacrifie une Tour supplémentaire permettant l’intrusion de sa Dame dans les vestiges du Roque adverse où le Roi Noir bien esseulé n’a d’autre choix que de se coucher et gagner un repos bien mérité dans le cercueil en bois de hêtre où sont rangées les pièces.
Hervé : on réclame à grands cris la mise en ligne de la position critique sur le Blog ainsi que tes analyses détaillées.
C’est Marc Logié, souverain depuis le début de la saison, qui nous apporte le 2ème point bientôt suivi par Etienne Imbert, venu compléter notre équipe en l’absence de Paul Saglier, « réquisitionné » en dernière minute par la Nationale 2 : tactique qui a bien failli se révéler payante puisque Paul est passé tout près de la victoire face à un joueur a plus de 2040 et n’a concédé la nulle qu’in extremis.
Merci en tout cas à Etienne d’être venu nous dépanner et d’avoir brillamment rempli son office au 6ème échiquier.
C’est ensuite Olivier, toujours aussi solide, qui annule tranquillement dans une finale qu’il aurait probablement pu gagner.
J’apporte le 4ème point dans une partie solide mais sans brio où j’ai longtemps été plus attentif à échanger les pièces et à annihiler toute tentative de contre-jeu adverse qu’à chercher un véritable plan de gain, confiant dans ma capacité à valoriser en finale l’avantage matériel que mon adversaire m’avait concédé dans l’ouverture (il avait finalement sacrifié le Fou contre deux pions).
Le match est alors « plié », d’autant que Renaud apporte peu après le 5ème point, renouant ainsi avec la victoire après sa défaite lors de la dernière ronde.
A 5-0, le score était confortable et pouvait même tourner en véritable déroute pour Enghien quand sont survenues deux petites tragi-comédies.
C’est d’abord Laurent qui, dans une position peut-être nulle mais pas facile, tombe au temps.
Bon … Bof … ce sont des choses qui arrivent … Et il n’est pas exclu qu’il aurait pu perdre sur l’échiquier … Et 5-1 cela reste un score très convenable d’autant que Bertrand, au 5ème échiquier, bénéficie d’un avantage matériel écrasant et devrait bientôt remporter sa partie …
Bertrand réfléchit au meilleur coup, celui qui devrait incessamment forcer l’abandon, mais quand il joue enfin sa Dame, son adversaire annonce, un brin goguenard, le fatidique « tombé !!! ».
Fumasse après lui-même, Bertrand sort se calmer (la température extérieure quasi polaire s’y prêtant bien) pendant qu’on procède à une reconstitution de la partie pour vérifier le nombre de coups joués (les adversaires en zeitnot mutuel ne notaient déjà plus leurs coups depuis quelque temps). Enfin tombe le verdict de l’intraitable – mais excellent – arbitre Christophe Imbert : le drapeau est tombé au 39ème coup.
Bon … Ben … c’est ballot … mais en tant que capitaine du jour, je préfère ne pas en rajouter (je ne vois pas ce que j’aurais pu reprocher à Bertrand qu’il ne se soit déjà reproché à lui-même en des termes autrement plus véhéments) et me contente d’essayer – assez vainement – de lui remonter le moral en lui rappelant qu’il vaut mieux que ce genre d’incident arrive dans un match sans enjeu que nous gagnons quand même, plutôt que dans un match crucial où le résultat se joue à un point près …
Et puis, avec la cadence Fisher, ce genre de mésaventure ne devrait plus survenir l’année prochaine.
Pourquoi l’année prochaine ? Parce que cette cadence est obligatoire en N3, et que cette nouvelle victoire contre un de nos poursuivants immédiats nous en rapproche un peu plus.
Allons, ne vendons pas la peau de l’ours … mais on commence à y croire très fort … et nous espérons bien laisser notre place toute chaude à la N5 de Patrice qui, après sa brillante victoire contre Bagneux, a pris une sérieuse option pour la montée en N4.
Dans les autres résultats de notre Groupe, à noter l’exploit surprise de Rambouillet qui a atomisé 5-1 l’équipe de Neuilly et s’empare de la deuxième place synonyme de montée et le beau sursaut de Courbevoie, notre prochain adversaire dont il faudra se méfier, qui a pulvérisé 6-1 une équipe de Jouy le Moutier bien faible sur les 5 derniers échiquiers.
Enfin, dans le match des relégables, Mantes a probablement sauvé sa saison en battant sèchement (5-0) le club 608 toujours à la poursuite de sa première victoire.
Rendez-vous le 24 janvier à Courbevoie (3ème ex-aequo au nombre de points de matchs) où une nouvelle victoire nous assurerait mathématiquement la montée !!!
Pierre Liou