Une ronde groupée au Vésinet, sur deux jours, c’est toujours quelque chose. La salle n’est pas fermée pour l’occasion et le joueur habituel du samedi peut jouer à côté de grands-maître russes. Ceux-ci, curieux, viennent voir de temps en temps ce qui se passe par là.
Ils regardent aussi avec curiosité la salle. Les visiteurs sont toujours surpris par la Maison du Combattant, par ses proportions, sa majesté. Sous les grands tableaux, il est rare par exemple qu’on essaie de placer le mat du Berger. Sauf évidemment les enfants et les vétérans qui aiment beaucoup ce coup depuis qu’un arbitre maladroit a attiré ici leur attention en grondant quelqu’un qui avait fait pleurer un petit. Et sauf les grands enfants.
Nous étions 1ers après la ronde n°1. Nous avons baissé notre ambition d’un cran, puis de deux.
Nous sommes d’abord devenus de simples mortels, puis nous avons quitté nos maisons et nos familles. Nous errons maintenant dans la campagne, nous nourrissant de peu. Aucune prétention ne nous anime plus. Les tableaux sont là pour nous montrer qu’il est vain d’ambitionner de grandes choses.
Mais ils peuvent se tromper.
Le Vésinet-Drancy : 2-6
1N LAURENT Julien G. 2316 – KOMAROV Dimitri 2519 : 0-1
2B JESSEL Stephen 2309 – TODOROV Todor 2482 : 0-1
3N DESLANDES Pascal 2269 – LEGKY Nikolay 2435 :0-1
4B RABEYRIN Jean-Jacques 2205 – BIJAOUI Manuel 2403 : 0-1
5N CHEYMOL Eric 2147 – KARR Jean-Philippe 2376 : 0-1
6B BONNAUD Remy 2176 – GIFFARD Nicolas 2345 :0-1
7N GLOD Philippe 2159 – BUCHY Daniel A 2124: 1-0
8B CHAUMONT Adeline 2037 – LECLAND Elodie 1707 : 1-0
- Julien est en terrain connu dans sa Benoni. Il affaiblit son aile roi pour provoquer la disparition du fou adverse de cases blanches. Jusqu’à 15…Cd7 il connaît cette position qui est potentiellement agréable. Une simple inversion lui coûte gros : il doit donner d6 avant de jouer Ce5. Ce simple oubli lui coûte une finale difficile que le GMI traite parfaitement, évidemment.
Le GMI a analysé probablement le jeu de Stephen avec les blancs. Le coup b5 du joueur du Vésinet, relâchant la tension à l’aile roi, va permettre au titré de se consacrer au centre. Son cavalier noir s’est installé b3 et va contribuer à mettre le roi blanc dans une posture inconfortable. Les coups Ff5 et f5 des noirs ont été sous-estimés par Stephen. L’escarmouche noire a lieu sur les cases blanches. Elle est décisive.
La Najdorf de Jean-Jacques est bien maîtrisée, jusqu’en fin de milieu de partie. Mais le joueur du Vésinet ne tire pas les marrons du feu et se retrouve dans la toute autre partie qu’est la finale, et avec un pion de moins. Une défense acharnée ne suffit pas et il perd après 107 coups..
Eric a les noirs. La Pirc se comporte comme ça parfois. Au 11ème coup le pion blanc avance en d5, au 42ème en d6 et au 48ème en d7, un coup avant l’abandon noir. Entre le 11ème et le 42 ème les blancs éteignent les feux de résistance qui prennent de-ci de-là. A chaque fois leur avance reprend et les rapproche du roi adverse que bientôt plus rien ne protège.
Une Bird pour Philippe qui a les noirs. C’est la 1ère fois pour lui et il récite : 1.f4 e5 2. fxe5 d6 3. exd6 Fxd6. Le fianchettio s’invite à la fête et incitent les noirs à l’assaut : Cg4 et puis h4. Deux pions en poche et l’échange des dames obtenu, ils regagnent leur base. Les blancs se ruent à leur tour et investissent une qualité pour résister. Il faudra 55 coups pour qu’ils abandonnent .
Nicolas Giffard et sa Caro-Kan affrontent une Panov (3.exd5 puis 4.c4). Il est question beaucoup de d4 dans les messages que les adversaires s’échangent. Autour de d4, les pièces s’organisent, l’enjeu étant le positionnement des pièces dans le futur. Le MI est à son affaire. Nulle recoin de la Caro-Kan ne lui est étranger. Rémy sent qu’il n’a pas l’avantage. Ses troupes, connaissant leur maître, savent qu’elle doivent se préparer à une attaque éclair. Elle survient avec 24.Ce6. Des coups succèdent aux coups avec Rémy qui essaie de conserver à chaque fois qqchose. A la toute fin, une suite menait au perpétuel mais Rémy ne la voit pas. Il perd.
Les joueurs d’Indiennes rencontrent périodiquement des Tromposky. Quand vient g6, la Tromposky est une Est-Indienne Hallucinée aurait pu dire le poète. La vie va être difficile pour Pascal qui pourtant s’acharne à colmater son aile roi. Le GMI la titille, en prend possession, s’emploie à préparer un coup de grâce sans réplique. A petits pas les blancs progressent et les noirs cèdent.
Adeline est dans une Est-Idienne de rêve avec les blancs (variante Fe3). Elle va entrer en c7, c8 gagner le pion b7, et plus tard d6. Les pièces noires entassées pour l’attaque se gênent mutuellement. Les blancs orchestrent les échanges et envahissent le camp noir par l’aile dame.
Dans l’autre match un incroyable scénario se joue. Gonfreville mène 2-1 après une difficile victoire d’Arnaud Payen. L’unique partie restante va décider du match. Le jeune Saatdjian de Chalons longtemps pense l’emporter. Mais le temps passe et son avantage décroît. L’adversaire reprend espoir puis croit sans coup férir obtenir la nulle : il donne un fou pour prendre les deux derniers pions : entrant dans une la finale tour/pion contre tour/fou : c’est à dire nulle. Mais juste après il joue très vite, au seul endroit où il ne fallait pas jouer ….et perd. Les deux équipes font nulle.
Le Vésinet-Chalons: 1-5
1B LAURENT Julien 2316 – BARSOV Alexei 2530 : 0.5
2N JESSEL Stephen 2309 – GUILLEUX Fabien 2408 : 0-1
3B DESLANDES Pascal 2269 – ROBIN Samy 2323 : 1-0
4N RABEYRIN Jean-Jacques 2205 – OLLIER Pablo 2273 : 0-1
5B CHEYMOL Eric 2147 – OLLIER Milan 2123 : 0.5
6N IMBERT Christophe 2094 – SAATDJIAN Stéphane 2004 : 0-1
7B CHAUMONT Adeline 2037 – SALAZAR Diego 2024 : 0-1
8N IMBERT Etienne 1989 – RIGOLOT Lucie 1981 : 0-1F
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Une très bonne partie de Julien dans ce début Réti avec les blancs (1.Cf3 d5 2.C4 d4 3.g3)
Le milieu de partie semble à son avantage, au moins légèrement, après l’affaiblissement par le GMI de son roque(18..g5). Dès lors, le titré cherchera simplement à entrer dans une finale nulle. Nulle en 30 coups
Le bon début de saison de Stephen inspirent ses adversaires dirait-on. Un gambit dame à nouveau où, avec les noirs, il passe un peu à côté.
Les noirs auraient peut-être aimé jouer un gambit Marshall car ils restent rêveurs après le 8. h3 de Pascal. Le choix des espagnoles est grand. Beaucoup de coups s’offrent au 14ème coup. Les noirs jouent h6. Dans l’Espagnole chaque adversaire essaie de ne pas réveiller les fous adverses. A part Fischer, personne ne sait prévoir à qui va finalement profiter l’ouverture des lignes. Les pièces de Pascal s’occupent des deux ailes à la fois. Après le gain du pion d4, il continue de jouer sur les deux tableaux. Belle victoire
Voilà un gambit dame qui laisse à Jean-Jacques une impression familière et désagréable. Il ne manque pas grand-chose pourtant. En l’occurrence, cette partie à nouveau n’aurait pas dû s’achever par une défaite, vu le début et le milieu de partie.
Eric joue un court Gambit Morra. Après des échanges généraux en d5, la partie perd une grande partie de son potentiel tactique ce qui semble convenir aux deux adversaires. Nulle en 22 coups.
Avec les noirs, Christophe ne veut pas d’une partie ouverte telle qu’elle pourrait se présenter après 1.e4 e5, par exemple un gambit du roi. Il joue c5 et pénètre tête baissée dans une Richter Rauzer. Celle-ci devient un mur de Marocsy (c4) derrière lequel il est décidé à attendre. C’est un mauvais signe dans une Sicilienne où, en principe, les noirs doivent entreprendre quelque chose. Les blancs n’en demandent pas tant : il visent et tirent le grand gibier immobile.
C’est une défense Hollandaise dans laquelle Adeline semble diriger les opérations. Un pion poussé jusqu’en h6 et la pression sur b7 donnent cette impression. La tension monte au centre et les deux rois sont face à face derrière une barrière de pions qui croisent le fer. Les noirs sont à la hauteur et la position est dangereuse avec des fous blancs de chaque côté. Ca se décante au centre, plutôt en faveur des noirs, car bientôt Adeline est sous le feu des tours et du fou. Le pion d noir avance et devient menaçant. Adeline pense pouvoir le contenir …. mais il est trop tard.
Défaite par forfait d’Etienne qui, il est vrai, n’avait sû que tardivement qu’il devrait jouer. Heureusement à cet échiquier ce forfait ne coûte s’un point.
Dans l’autre match Drancy gagne contre Gonfreville. ses échiquiers 5, 6 et 7 l’emportent. En face, seul Payen gagne.
Un triste week-end où toutes les équipes du Vésinet engagées ont perdu. La NIII s’en va à Rouen pour l’honneur à 4 (défaite 5-2 – dont 4 forfaits, il faut le dire). Les deux NIV sont mal récompensées de l’effort qu a été fait pour qu’elles s’alignent complètes.