Ce week-end nous rencontrons le Club 608 et Malakoff, des amis. On se connaît si bien qu’un début de séance ressemble à des retrouvailles d’anciens où les inconnus sont des cousins éloignés.
Après nos deux nulles de Lisieux nous ne savons pas ce que nous valons. Nous cherchons. Nous n’arrivons pas à intégrer le fait que nous sommes une des bonnes équipes du groupe. Peut-être a juste raison. On soutient, on rassure comme on peut le psychologue du club qui pourrait nous renseigner mais qui pour l’instant est dans l’équipe. On lui explique que ce n’est qu’un jeu. La N1 a généré une forme de dépression. « Le mal des anciens combattants » nous suggèrent les tableaux monumentaux de la Salle. Ceux-ci ont repéré Vladimir Kouptsov, de Malakoff, qui pendant deux jours tournera autour d’eux comme un artiste autour de son modèle, prendra des photos, jaugera leur état, en sirotant du café, pensif, dans cette Salle des Anciens Combattants du Vésinet.
Nos adversaires sont le Club 608 samedi et le lendemain Malakoff.
1N f DESLANDES Pascal 2277 – ALFRED Nathan 2260 : 0,5
2B f JESSEL Stephen 2306 – MAYAUD Raphael : 0,5
3N RABEYRIN Jean-Jacques 2240 – MENDEIROS Jérôme 2181 : 0,5
4B CHEYMOL Eric 2146 – STOENESCU Radu 2154 : 0-1
5N IMBERT Christophe 2039 – LE MONNIER Rémi :0-1
6B LOGIE Marc 2009 – REILHAC Philippe 1972 : 1-0
6N CHAUMONT Adeline 1999 – BRIEGELHUBER Eric 1966 : 1-0
8B IMBERT Etienne 1964 : FERNANDEZ Laura 2033 : 0,5
L’adversaire de Pascal attaque par a4 et b4 dans une Est-Indienne des familles. Pascal joue Ch5 et f5. Il provoque l’échange du fou de cases noires en f4 et son adversaire celui de cases blanches en e6. Le pion e6 va focaliser l’attention des deux joueurs du 15è au 34è coup. Après sa prise, ça va mieux pour les noirs, qui s’estiment heureux avec la nulle qui sera le résultat final.
Les deux compagnons de Stephen, la Réti et le zeitnot, vont s’inviter ce jour. Stephen va tout faire pour désosser la position avec comme objectif un petit avantage en finale. Contrat rempli, avec tour et fous de cases blanches : il doit gagner un pion. Puis vient un oubli et c’est le contraire qui se produit. L’adversaire joue alors pour le gain. La résistance en finale de tour de Stephen est longue, ingénieuse et aidée par une position maladroite au départ des noirs. Si Stephen fait nulle c’est le match nul entre les équipes. C’est fait après plus 100 coups. A l’analyse une main proposera un coup de tour noire bloquant horizontalement le roi de Stephen. Un coup normal dira la main, qui gagne la partie. Il faut l’admettre, ça semblait perdu.
Jean-Jacques lutte aussi pour la nulle lorsque Stephen le fait de son côté : les deux dernières parties du match. Mais à la fin de cette Najdorf le chemin est très difficile encore. Avec sa qualité de plus Jean-Jacques regarde avec inquiétude la montée des forces blanches parmi lesquelles 3 pions, candidats à la promotion. Plus tard, les blancs sont bloqués et doivent bien constater qu’ils ont obtenu le maximum de la position. Nulle et encore ouf pour le Vésinet
Eric dans une Alapin ne peut empêcher l’avantage blanc sur la colonne se propager à l’aile Dame. La position où seuls subsistaient de chaque côté les deux tours et la Dame laisse planer un espoir. « Le tout pour le tout, qu’on me donne un temps » semble dire la position. Mais il n’y a aura pas de miracle pour les noirs.
C’est une Richter Rauser que joue Christophe. Il échange son fou de cases blanches pour éclairer la partie. Puis pour brouiller cette image, il gambite. Et puis sans doute pour faire disparaître les dernières traces de netteté, il risque un coup sensé mettre avant les défauts blancs. Ceux-ci gagnent deux pièces pour la tour, poncent la position, plantent deux trois clous et l’emportent!
Dans une défense de Berlin, a priori, Marc gagne un pion à l’issue d’une empoignade à l’aile Dame. Les noirs ne reviendront jamais. Le pion gagné devient dangereux et monopolise les ressources noires. La position se simplifie, le roi riche monte soutenu par son cavalier. Le cavalier du pauvre camp est loin et le roi noir, esseulé, ne peut rien contre la promotion du pion.
C’est une Slave (variante de Méran ?) dynamique que va mener Adeline. L’ascendant qui est pris à l’aile Dame, le développement rapide qui ne permet pas aux blancs de roquer et des coups portés au centre expliquent cette victoire faussement tranquille. Du pur Adeline.
Etienne maintient bien la tension sans prendre d’options centrales dans une Grünfeld. Ce sont les noirs qui bloquent en jouant c4 et c’est ce qui fait changer la partie d’âme. Etienne présent à droite déclenche une attaque sur le roi noir. Elle échoue et la finale de tour avec un pion de plus pour les noirs ne peut se gagner sans prendre de risques. Nulle
Match nul 2-2
Le lendemain nous faisons face à Malakoff, une équipe qui a dans ses rangs Maud et Vladimir anciens coéquipiers à nous. Ils ont perdu 3 de leurs meilleurs joueurs entre le samedi et le dimanche. Une espérance pour nous avec une probabilité de gain qui tourne en notre faveur.
1B RABEYRIN Jean-Jacques 2240 KOUPTSOV Vladimir 2187 : 0,5
2B f JESSEL Stephen 2306 GOLLAIN Marc 2178 : 0,5
3B f DESLANDES Pascal 2277 BOULARD Eric 2258 : 0,5
4N CHEYMOL Eric 2146 1 – 0 LEBRUN Xavier 2171 : 0-1
5B IMBERT Christophe 2039 1 – 0 MARIN Frederic-Vincent 2007 :1-0
6N DIVIES Renaud 2117 0 – 1 MILLET Maud 1985 : 1-0
7B CHAUMONT Adeline 1999 LEULY Max 2058 : 0-1
8N LOGIE Marc 2009 SAN MARCO Jean 1951 : 1-0
La partie Jean-Jaques contre Vladimir se solde par une courte Caro-Kann à cause d’une nulle sur proposition de Vladimir. Malakoff est donc diminué par rapport à leur équipe type, et quelque chose nous dit que ce type de résultat devant est une bonne chose.
Stephen sortira du week-end un peu déçu par ses deux nulles. Ce gambit Dame effectivement ne lui donnera pas un levier suffisant pour pouvoir jouer objectivement pour le gain. Il le regrette. Il n’est pas loin de penser que son répertoire est un peu limité pour la N2. L’autre souci est celui du temps. Il entre en effet toujours aussi facilement en zeitnot. Nulle en 27 coups
Avec un cavalier en e5 Pascal avec les blancs joue une Alékhine robuste. Ce 3ème 1/2 point déporte l’intérêt du match sur les derniers échiquiers ou à partir du 5ème, chacun paraît à son aise.
Eric avec les noirs est dans une partie ouverte où la structure Fb3, c3, d3,e4 floute les perspectives (une Petroff fermée?). Il joue d5, réaction qui doit égaliser mais ne se méfie pas assez des possibilités d’un cavalier en h5 et d’un sacrifice direct. EN effet, Cxg7, intermédiaire ,est un coup de massue. Ensuite il y a peut-être des défenses mais la position semble perdue.
Christophe avec les blancs est dans une partie qui serait une Espagnole classique si le pion était en d4 au lieu de d3. Un cavalier en b6 va être la pierre angulaire du jeu blanc, très agréable. Pour soulager leur position, les noirs entrent dans une finale difficile en espérant tenir. Il y aura beaucoup de coups et puis un assaut final couronné de succès dans une fin de partie Dame + tour.
Maud connaît bien Renaud et ceci est sans doute à l’origine de son jeu retenu et fermé avec les blancs dans cette Sicilienne . Renaud va pénétrer en d3, le point faible blanc. Affaiblie, privée de son fou de cases noires, Maud va espérer tenir avec une barrière de pion qu’elle érige au prix d’une pièce. Renaud va miner cela et grâce à l’activité de ses pièces, ouvrir la position et l’emporter
Adeline joue parfaitement une longue partie avec d4, e3 et fianchetto Ouest. En face, elle a un super joueur, très expérimenté, sous classé. Bien plus tard, elle semble être mieux ou au moins aussi bien avec un cavalier en d5, difficilement échangeable alors que les noirs sont plutôt passifs avec leur fou noir. Une toile est à l’origine de la perte de cette partie, sous la pression probable du temps
Jean San Marco redoutait cette partie contre Marc. Il l’avait dit avant, une fois connu l’appariement. La domination qu’il subit est sûrement une conséquence de cette empreinte. Les blancs jouent g4 au 4ème coup et puis vont roquer petit côté. Une situation rêvée pour Marc dont le fou de cases blanches va être royal. Les possibilités d’attaques blanches sont irrésistibles. Victoire des noirs.
Le Vésinet gagne 3-2