Nous accueillons samedi Le Chesnay-Versailles, notre prestigieux voisin.
St Germain-en-Laye, Marly-le-Roi, Versailles étaient déjà des demeures royales ou des villégiatures prestigieuses alors que la plaine du Vésinet n’était que bois d’abbayes, étangs, friches, champs incultes, où l’on venait chasser, se perdre, se faire attaquer, pêcher, danser dans les clairières.
Il ne subsiste rien de ces différences sociales, si ce n’est une haine persistante, ancestrale envers ces Hauts-Chateaux. Marly c’est réglé, tout comme Saint Germain. Reste le Chesnay.
Le Chesnay – Le Vésinet
m VAREILLE Francois – 2381 f DESLANDES Pascal 2282 : 1 – 0
MAGNIER Hugues 2300 – f JESSEL Stephen 2293 : 1 – 0
MATRAND Arnaud 2115 – CASTAIGNET Laurent 2174 : 1 – 0
BALLESTER Alexandre 2154 – CHEYMOL Eric 2183 : 0.5
RIAZUELO Gilles 2090 – LARGE Laurent 2242 : 0.5
BERNARD Serge 2060 – BONNAUD Remy 2163 : 0 – 1
DEMAGNEE Arnaud 2125 – GLOD Philippe 2173 : 0.5
RACHEZ Pascale 1902 – CHAUMONT Adeline 2019 : 0.5
- Dans une Est-Indienne classique (d5 Ce7) Pascal joue la variante Fd7 et Ce8. Après une liquidation centrale issue des poussées « f », les noirs ont des cases mais à y regarder de près leur jeu reste contraint. Le coup g4 est l’élément qui met cela en évidence. Le Ce4 qui utilise g5 grâce à l’échange des fous noirs laisse le roi noir impuissant face aux pièces blanches. Pascal s’en veut car cette variante c’est son adversaire qui lui a rappelé qu’il la jouait !
Stephen construit une formation blanche avec doubles fianchettos qui va croître doucement comme une cathédrale. En face, on compte plutôt sur les pièces et leur jeu de jambes pour contrarier les blancs. Le 1er échange intervient au 15ème coup. La tension est sur les cases noires. Stephen prend du temps et conçoit un original don de qualité pour obtenir une position qui lui plaît. Mais le temps vient à lui manquer de façon fatale pour suivre correctement dans cette voie.
C’est une bénoni complétée par g3 Fg2 qui laisse à Laurent une impression de successions d’imprécisions de part et d’autre. Dans ces conditions, notre joueur qui conduit les noirs est peu concentré et dans la situation du spectateur moyennement intéressé par le tableau qu’il a sous les yeux. Il y a donc de la place pour de l’imprévu qui finit par arriver et qui est exploité victorieusement par le joueur adverse.
Eric joue son Alapin avec exd6 Dxd6. Dans cette partie il souffre plutôt car il subit la pression des cavaliers adverses et son aile dame est dominée. Mais rien n’est jamais clair et les noirs n’obtiennent pas ce qu’ils cherchent : un pion de plus sans compensation. A chaque fois Eric négocie des contreparties et met même la pression à la fin avec une tour en 7ème. La nulle est finalement logique.
C’est la 1ère moderne de l’année pour Laurent qui n’arrive pas à mettre hors de position un adversaire ultra vigilant qui fait semblant d’être interessé par la pseudo faiblesse noire en d6. Car on s’explique en fait autour de e5 et on prend bien garde à ne rien déstructurer. Le coup f4 des blancs est une proposition implicite de nulle.
C’est peut-être une sicilienne que Rémy et son adversaire vont de toute façon quitter avec des coups inhabituels (Fc4, Df3 et g6, Fg7, f6). On pense que Rémy est mieux mais les noirs ne s’en laissent pas compter même si, après l’échange des dames, petit à petit, en vaquant à leurs occupations, leurs pièces se dispersent. Cela permet un joli pseudo sacrifice de Rémy. C’est une péripétie car malgré la qualité de plus, les blancs ne gagneront qu’avec g4, coup longtemps repoussé par les noirs (83 coups).
Philippe souffre dans cette espagnole masquée qui commence avec une formation d3 et Fc4. Mais ces sont bien des thèmes ibériques avec des cavaliers piaffants d’en découdre à l’aile roi et à se sacrifier en f5 qui font suer sang et eaux Philippe. Ouf, ça tient. Quand tout danger est écarté et que vient le tour des noirs de jouer un peu, on tente des minis pièges, par pur soulagement. Tout cela est déjoué et on conclut la nulle.
Adeline avec les blancs gagne une pièce au 13ème coup dans une Est-Indienne. Après, elle joue automatiquement, comme pour attendre l’abandon des noirs ….qui ne viendra jamais. Ceux-ci n’ont pas bronché au plus fort de leurs ennuis et engagent la résistance et une longue marche vers une nulle hypothétique. Tant que ça dure c’est bon se disent-ils. Un pion noir commence à attirer l’attention à l’aile dame. Adeline ne s’est pas méfiée et se verra obligée de sacrifier dessus. Il lui reste un pion de plus en finale mais un autre pion adverse apparaît, lorgnant aussi sur la promotion. Ca suffira pour assurer la nulle à des noirs admirables de volonté.
Ce match est perdu 3-1. Voilà de quoi doucher les plus enthousiastes qui avaient vu dans notre victoire de la 1ère ronde le début d’une prétention finale.
Dans le même temps, la N3 qui jouait Yerre-le-Roi perd également. Cette N3 presque invincible mord la poussière pour la 1ère fois depuis bien longtemps, depuis une défaite il y a deux ans contre …Le Chesnay. Mordieu !
Le Vésinet – Grand-Quevilly
f JESSEL Stephen 2293 – COLLIOU Yannick 2233 : 0.5
CHEYMOL Eric 2183 – CHOUQUET Adrien 2194 : 0.5
f DESLANDES Pascal 2282 – HURE Damien 2192: 1-0
CASTAIGNET Laurent 2174 – MOUHAMAD Joachin 2087 : 1-0
LARGE Laurent 2242 – LE CLEZIO Sylvain 2034 : 1-0
BONNAUD Remy 2163 – LEGRAND Stephane 2134 : 0.5
GLOD Philippe 2173 – VALIN Clement 2040 : 1-0
CHAUMONT Adeline 2019 – WANDELLE Sandrine 1758 : 1-0
- Stephen joue une Réti dans laquelle on s’empoigne à l’aîle dame. C’est un jeu apparenté à celui où celui qui prend perd. Au 11ème coup, la reprise en ç6 avec « b » est le signe visible de la stratégie de Stephen orientée vers la finale qu’il atteint avec un pion passé à l’aile roi et une majorité de l’autre côté. Ce serait peut-être gagnable en cas de besoin. Ce n’est pas nécessaire car à ce moment le match est gagné au vu des autres échiquiers.
L’ouverture à cet échiquier est une Tromposky inversée. Au 10ème coup il y a déjà eu 3 échanges dont le dernier va doubler les pions « f » du camp noir d’Eric. Il aura donc la colonne « e » et les cases noires. Les blancs vont miner l’aile dame essayant d’y obtenir une majorité. Eric est solide et dans la logique du match qui tourne bien, tient fermement la nulle.
Pascal dans une Alapin laisse pressionner d4 un peu comme dans certaines variantes de la française. La paire de fous et l’espace sont des éléments qui, à la longue, vont mettre l’adversaire sur la défensive. C’est une grave erreur de ce dernier qui empêche la partie de continuer de façon somme toute équilibrée et qui laisse Pascal avec une pièce de plus ce qui lui offre la victoire.
Laurent joue contre un jeune joueur redoutable qui excelle en rapide. Il ne le sait pas et il est confiant dans le gambit Morra qui commence et où il a les noirs. Il est en terrain connu certes mais il omet pourtant Cd5, un pseudo sacrifice thématique, qui marque le début d’une suite de coups agressifs. La partie prend un tour que l’on redoutait pour lui. Zen, il laisse passer l’orage. Son adversaire aurait pu essayer Cxh7 mais choisit une autre suite au terme de laquelle il n’avait sans doute pas prévu toutes les conséquences du troc de la dame contre deux tours. La suite est traitée magistralement par le joueur du Vésinet. Victoire oh combien précieuse.
Laurent traite la Pirc à la façon dont Smirin l’avait imaginé naguère, avec 0-0-0 et f3, g4. L’attaque des noirs à l’aile dame ne perce pas et c’est au tour des blancs de lancer les pions à l’assaut du roi noir resté au centre. C’est tranchant, calculé, imparable, comme une victoire de la science et ça s’achève spectaculairement (Txd7).
Rémy dans cette Slave accepterait bien la nulle basée sur une répétition liée au développement de son fou c8. Mais l’adversaire en décide autrement. A partir de là, les deux joueurs ne se refusent aucune complication. Le magnifique Cb4 de Rémy, indélogeable, incite les blancs à se lancer à l’attaque du roi grâce à leur beau fou blanc c4. Ils sacrifient. La position est très complexe et fait peur à Philippe qui ne regarde plus de ce côté quand il se balade. Un mauvais choix de Rémy (Rh8 au lieu de Rf8 qui doit conserver le matériel) préside à une liquidation totale des pièces qui laisse les blancs avec la paire de fous et un pion de plus. Rémy s’est remis de sa déception et regagne le pion à la force du poignet. La nulle est à l’arrivée.
Philippe a les blancs dans une française d’avance. Les joueurs passent beaucoup de temps sur les conditions d’occupation de la case b3. Elle va générer des échanges issus d’un certain trafic immatériel. Philippe ne s’est pas occupé que de ça (12 Cg1) et quand il ouvre à l’aile roi, son engagement va être rapide. A l’inverse, les noirs sont empêtrés sur deux rangées et ne peuvent y intervenir convenablement. Victoire rapide des blancs après 22 Df7.
Les blancs échangent en d5 dans la Caro-Kan d’Adeline et poursuivent par Cc3. A partir du moment où Adeline joue f5 pour conserver e4 où une pièce s’est échangée, la partie va se jouer sur la capacité de ce centre à être utilisé. Au prix de nombreux échanges il va être liquidé et le pion de plus va se trouver cette fois, comme un ludion facétieux, à l’aile dame. La présence des dames laisse espérer à la joueuse de Grand-Quevilly une répétition perpétuelle de coups. Ce ne sera pas le cas et le don volontaire d’un deuxième pion précipitera la chute du camp blanc.
Victoire 5-0. Voilà qui nous remet en selle même si cela n’efface pas vraiment la déception de la veille contre notre grand voisin..